DEVANT L E PROBLÈME ARMÉNIEN
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anglaise, q u i prolestait contre les énormes dépenses qu'aurait entraînées
l'occupation permanente du pays, i l l u i fallut abandonner son ancienne
politique, pour en suivre une autre tendant à l'autonomie graduelle e t
même à l'indépendance de la Mésopotamie ( I ) . Par cette nouvelle p o l i –
tique, qu i correspondait d'ailleurs également aux vœux des Mu s u l ma n s
des Indes (2), l'Angleterre affaiblit très hab i l emen t l ' a g i t a t i on des émis–
saires kémalistes et fit revivre dans tous les pays arabes la foi en une
protection qu'elle accorderait u n j o u r à l e u r groupement en u n seul
État. Rassurée d u côté arabe, l a Grande-Bretagne c omba t l i t les Natio–
nalistes turcs en aidant financièrement et matériellement l'armée
grecque qu i alors l eur faisait la guerre (3). Et cette aide ne fut pas i n u –
tile, car, vers la fin de l'année 1920, cette armée avait considérablement
étendu sa sphère d'occupation (4).
Cependant, u n événement imprévu amena bientôt d'importantes
modifications dans l'attitude des Alliés, et spécialement dans celle de l a
Grande-Bretagne. Le 14 novembre 1920, en Grèce, M. Venizelos t omb a i t
d u pouvoir. Cette chute détermina l ' Ang l e t e r r e à consentir à l a r e v i s i on
d u traité de Sèvres, que la France et l'Italie avaient souhaitée dès l e
moment même de sa signature. Le vote déconcertant d u corps élec–
toral grec, q u i se détourna de l ' homme qu i avait réalisé presque tous les
idéals de l'Hellénisme, et q u i était en même temps l ' am i éprouvé de
l'Entente, introduisit en définitive dans le problème o r i en t a l , s u i v an t l a
jusle expression d u
Times,
«
un facteur d'une i n c e r t i t ud e désolante sur
le degré de confiance qu ' on pourrait avoir dans le peuple grec l u i -
(1)
Comp.
The Times
des 6 et 7 septernûre ; 30 octobre et 1 " décembre 1920 ;
VAsi»
française, W
185,
p. 325 ; n " 188, p . 381 ; n« 188, p. 37.
(2)
V. la lettre ouverte du Prince Aga Khan au
Times
dans les n«" des 5 et 6 novem–
bre 1920, et sa traduction dans
l'Asie française,
n" 187, p. 394.
(3)
Le leader du Times du 17 novembre 1920 dit, en parlant de l'armée grecque
d'Anatolie : « This force is flnanced by Great Britain and it would be rendered powerless
were the support of the Allies withdra wn ».
(4) «
A la fin de l'année 1920, constate
l'Asie française
(
janvier 1921, n" 188, p. 28),
les troupes du général Papoulas se trouvaient, en fait, maltresses d'un territoire autre–
ment étendu que celui dans les limites duquel elles devaient primitivement se renfer–
mer. De Smyrne, elles s'étaient graduellement avancées, en guerroyant contre de faibles
détachements nationalistes, jusqu'au delà d'Allachehr et jusqu'à Ouchak. Elles avaient
même, au mois d'octobre, dépassé Ouchak, pour se replier ensuite sur ce point ; ainsi
avaient-elles pénétré à l'intérieur de l'Anatolie jusqu'à environ 300 kilomètres de leur
point de départ. Maftras d'une partie de la voie ferrée de Smyrne à Panderma, tout
proches, aux frontières du grand quadrilatère qu'ils occupent, de la grande ligne de
Constantinople à Afioun-Kara Hissar, les Grecs estimaient avoir aisément raison des
Nationalistes, le jour où ils entreraient à nouveau en lutte avec eux, et ne rien avoir à
redouter de l'aide promise A Moustapha Kemal par le gouvernement des Soviets ».
Fonds A.R.A.M