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LA SOCIÉTÉ DES NATIONS ET LES PUISSANCES
de guérillas continua pendant les premiers mois de l'année 1921 en
Gilicie et dans les confins mi l i t a i r e s (1).
Te l l e était, pa r r a pp o r t à la France, la situation au lendemain du traité
de Sèvres. Quelle était celle de ses alliés? L'Italie, q u i avait retiré ses
quelques bataillons de l'intérieur de l'Anatolie, n'eut pas à supporter
directement la pression m i l i t a i r e des Kémalistes. I l en fut de même
de l'Angleterre. Cette dernière puissance ne se trouvait pas moins en
présence de graves difficultés. Quoique l e mouvement de non-coopéra–
tion n ' y eut pas donné tous les résultats escomptés par la Délégation
p ou r l a défense d u Califat, les Indes ne cessaient pas d'être en proie à
des troubles sérieux (2). Et en Mésopotamie, sous l'effet de la p r o –
pagande panislamiste à l a création de laquelle les Kémalistes avaient
certainement contribué, u n état de révolte existait. C'est dans l a pre–
mière moitié de l'année 1920 qu'une i nsu r r e c t i on arabe y avait éclaté
contre les troupes d'occupation b r i t ann i que s , et celle-ci avait pris
une grande extension pendant l'été de cette même année. Ce mouve–
ment était une man i f e s t a t i on d u panarabisme contre l'Angleterre, q u ' i l
accusait de n'avoir p o i n t t e nu les promesses qu'elle avait faites pen–
dant la Grande Guerre. Le gouvernement anglais p u t réprimer l a
révolte. Mais, sous l'influence d'une grande partie de l ' op i n i on pub l i que
avait pas de colonne permettant d'aller le secourir et le dégager. En mai, le poste de
Bozanti, dans le Taurus, succombait pour lesmêmes raisons ; i l n'a pu être formé qu'une
colonne de quatre bataillons, chiffre insuffisant dans la montagne, et le poste a suc–
combé. Ce n'est qu'après le mois d'août que l'arrivée des renforts nous a permis, non
pas d'infliger a Moustapha Kemal un échec, loin de là, mais, enfin, de tenir le coup,
c'est-à-dire que, depuis le mois de septembre, les combats contre les Kémalistes se
sont tous terminés en notre faveur, et ces combats se sont réglés par des pertes de
quatre ou cinq tnés, pertes que l'on peut qualifier de raisonnables.
«
A l'heure actuelle, la situation est 1* suivante: En Syrie, très bonne
«
En Cilicie, la pacification est loin d'être complète ; mais la présence d'une colonne
mobile d'nne dizaine de bataillons a complètement changé la face du problème et, par–
tout où cette division se montre, ou les troupes de Kemal se retirent, ou elles sont com–
plètement battues. Malheureusement, comme elles ont l'Anatolie derrière elles, elles se
retirent beaucoup plus souvent qu'elles ne combattent. Vous comprendrez certainement.
Messieurs, la situation que je viens d'essayer de vous décrire de deux divisions françai–
ses attaquées jusqu'au mois de juillet en Syrie, supportant de lourdes pertes dans nne
lutte extrêmement pénible et enfin perdant trois postes. I l ne faut pas vous en prendre
à ces troupes ; elles étaient aussi vaillantes, aussi bien préparées, que celles qui ont fait
la Grande Guerre. Elles étaient bien commandées. Mais vous comprendrez aisément
que qnand un poste est cerné par 6.000 Turcs et qu'il n'y a pas, derrière lui, un effectif
suffisant pour le dégager, fatalement i l finit par succomber » (V.
l'Asie française,
n* 188,
p. 9-10).
(1)
Comp. le
Temps,
du 24 janvier 1921. La ville d'Aïn-Tab ne se rendit aux Français
qne le 9 février 1921 (V.
l'Asie française,
n» 189, p. 69).
(2)
Comp. l'Asie
française,
septembre-octobre 1920, n° 185, p. 337 ; novembre 1920,
n« 186, p . 385; décembre 1920, n ' 187, p . 431.
Fonds A.R.A.M