DEVANT L E PROBLÈME ARMÉNIEN
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au Grand Vizir les modifications que les Nationalistes jugeaient i n d i s –
pensables pour accéder au traité de Sèvres, — e i qu i étaient les suivan–
t e s :
a)
rattachement de Smyrne et dè son h i n t e r l and à la zone des Dé–
troits, sous la suzeraineté ottomane ;
b)
octroi à la Thrace d'un régime
autonome sous la suzeraineté o t t oman e ; c) adjonction de trois délégués
turcs, représentant Smyrne, la Thrace et l'Anatolie,à un délégué reconnu
par le traité de Sèvres, dans la Commision chargée de l'administration de
la zone neutre ;
d)
modification, en faveur de la Turquie, de différents
articles d u traité de Sèvres,- visant surtout les questions financières
et économiques (1), — i l ne se pressa pas d'établir avec Angora l'entente
réclamée : ce fut seulement le 3 décembre qu'une mission dirigée par
Izzet Pacha quitta Constantinople pou r Angora afin de s
T
y entendre avec
les Nationalistes (2).
Les Nationalistes turcs profitaient en même temps du désarroi trop
évident des Alliés devant le problème oriental pour consolider leurs
positions. Dans l'Est, le gouvernement d'Angora se rapprocha de plus
en plus des Bolchévistes, vainqueurs définitifs des Blancs après la
défaite du général Wr an g e l , et cela malgré la politique équivoque des
Soviets envers les Touraniens russes. Le résultat de cette u n i o n fut le
partage de l'Arménie entre Moscou et Angora au mois de décembre 1920.
Et, dans les marches syriennes et en Cilicie, le gouvernement nationa–
liste accentua la pression qu'il y exerçait vis-à-vis de la France. Celle-ci
continuant à s'interdire de grands efforts militaires dans ces régions,
la pression kémaliste y rencontra à la fois des succès et des revers.
La situation mi l i t a i r e de la France en Cilicie s'était certes améliorée
depuis l'été de 1920 ; cependant, le 11 décembre 1920, parlant devant le
Comité de l'Asie française, le général Gouraud reconnaissait qu'en
Cilicie la pacification était encore l o i n d'y être complète » (3). Cet état
(1)
V.
l'Asie française,
n» 186, novembre 1920, p. 379.
(2)
V. le
Temps
du 18 décembre 1920.
(3) «
Lorsque l'insurrection a éclaté, dit le général Gouraud, les bataillons existants
avaient été renforcés de quelques autres bataillons, mais ils étaient loin de composer les
effectifs suffisants pour maintenir dans le calme un pays aussi vaste ; et alors, en atten–
dant que le gouvernement, mieux éclairé sur le poids de la charge qui pesait sur l'ar–
mée du_Levant, ait pu lui donner les renforts nécessaires, je suis resté en Cilicie avec
quatre bataillons. I l a donc été long de faire venir des renforts et, en attendant la
période où ils ont pu arriver en Orient, les deux divisions ont eu une tâche écrasante.
Elle a été illustrée par la chute de Marache, que nos troupes ont évacué le 11 février,
retraite atroce par une tempête de neige épouvantable, qui a mis en lumière la vigueur
des troupes, leur ejJBurance, la générosité de nos officiers, puisque plusieurs parmi ceux-
ci ont été signalés ayant transporté sur leur dos dans la neige des femmes et des
enfants.
*
Au mois d'avril, c'est le poste d'Ourfa qui a succombé à son tour parce qu'il n'y
Fonds A.R.A.M