DEVANT L E PROBLÈME ARMÉNIEN
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responsabilités qu ' imp l i qu e pour l'Amérique cet état d'âme. 11 est cer–
tain que l'Amérique devrait exercer son manda t dans des circonstances
les plus critiques. Cependant, d i t - i l , « s i , pou r n'importe quels motifs
suffisants à nos propres y eux , nous refusions d'assumer les charges
q u ' un pareil sentiment nous impose, nous serions considérés pa r
beaucoup de mi l l i o n s d'hommes comme n'ayant pas achevé l a tâche
p ou r laquelle nous sommes entrés dans la guerre et comme ayant ainsi
déçu leurs espoirs » ( 1 ) .
C'est au mois d ' a v r i l 1920 que le r appo r t d u général Harbord fut pré–
senté au Sénat américain. Les raisons q u ' i l contenait
contre
l'accepta.-
(
i o n du mandat arménien y trouvèrent, comme dans l'opinion pub l i que ,
u n écho plus sympathique que les raisons évoquées
en faveur
de ce
mandat. Et lorsque, le 25 a v r i l , le Conseil suprême siégeant à San Remo
demanda au gouvernement américain d'accepter le mandat pou r l'Ar–
ménie, le Président W i l s o n , q u i était favorable à cette offre, se heurta à
l'opposition non seulement de tout le parti républicain, mais encore
d'une partie du camp démocrate (2). Le 12 ma i 1920, le Comité des affai–
res étrangères, dans une résolution constatant l'exactitude des rapports
sur les atrocités commises contre les Arméniens, et e xp r iman t à ce
sujet la sympathie de l'Amérique pour l'Arménie, se borna à autoriser
le Président à envoyer u n bateau de guerre pou r protéger les intérêts
des Étals-Unis (3). Ce fut l ' un i que témoignage que le Sénat ma r qua en
faveur des Arméniens.
Cependant, le 24 ma i , le Président Wi l s o n i n t r o du i s i t au Sénat un
Message dans lequel i l demanda à être autorisée accepter le mandat
arménien que le Conseil suprême offrait à l'Amérique. Dans ce Mes–
sage, i l i nd i qua i t que l'offre avait été faite en conformité de l'article 22
d u Pacte de la Société des Nations et en recommandait l'acceptation en
i nv o quan t la sympathie pour l'Arménie qu i avait su r g i , non pas d'une
petite partie du peuple américain, « mais, avec une spontanéité et une
sincérité e x t r ao r d i na i r e s , de la totalilé d u g r and corps d'hommes et
de femmes chrétiennes du pays, dont les contributions volontaires
(1)
Rapport, p. 25-29.
(2)
Comp.
The New-York Herald
du 27 aviil1920. Le sénateur démocrate M . Hitch–
cock lui-même, un des plus fermes soutiens de la politique de M . Wilson, se pro–
nonça contre le mandat arménien, pour les raisons que l'Arménie comprendrait proba–
blement des régions habitées par les Turcs, et que des conflits entre Turcs et Arméniens
seraient par suite inévitables, entiaiuant des interventions militaires américaines.
M. Hitchcock exprima l'avis qu'en tous cas i'Amérique ne saurait accepter le mandat,
sans avoir le contrôle sur Constantinople et les Détroits et nota que l'offre du Conseil
suprême ne tenait aucunement compte de cette nécessité.
(3)
New-York Herald
du 12 mai 1920,
Fonds A.R.A.M