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LA SOCIÉTÉ DES NATIONS ET LES PUISSANCES
pou r les dépenses des premières c i n q années une somme évaluée à
786.014.000
do l l a r s .
Les raisons
pour
l'acceptation d u mandat sont a u contraire les s u i –
vantes :
L'Amérique, q u i est l ' u n des principaux facteurs de l a constitution de
la Société des Nations, est moralement tenue d'accepter les obligations
et les responsabilités d'une puissance mandatrice. Le Proche-Orient
constitue la plus grande « opportunité humanitaire » d u siècle et l'Amé–
rique est plus qualifiée que tout autre État pour se livrer à une tâche
d'humanité : les exemples de Cuba, de Porlo-Rico, dès Philippines, de
Panama, de Hawaï en sont la preuve ; sa politique altruiste p ou r s u i t
plutôt le développement des peuples que celui des ressources maté–
rielles. L'Amérique est l ' un i que espoir des Arméniens, car ceux-ci
appréhendent de la part de la Grande-Bretagne une politique q u i
sacrifierait leurs intérêts à l ' op i n i on pub l i que musu lmane . A u su r p l us ,
le mandat américain est désiré pratiquement n o n seulement par le
peuple arménien, mais aussi par chacune des Grandes Puissances —
après elle-même. [Le pouvoir américain est juste
(
adéquate)
;
ses
antécédents sont purs et ses mobiles au-dessus de toute suspicion. I l
me t t r a i t un terme définitif aux massacres des Arméniens et autres Chré–
tiens, et i l assurerait la justice aux Turcs, aux Kurdes, aux Grecs et aux
autres nations ; si les États-Unis n'acceptaient pas le mandat, i l est au
contraire probable que les jalousies internationales aboutiraient à l a
continuation de l'ineffable régime des abus turcs
(
unspeahable
misrule
of the Turc). Le
mandat américain peut seul assurer la paix en ce carre–
four d u monde, où la guerre sévit depuis les premiers temps de l'his–
toire. I l augmentera en même temps le prestige des États-Unis dans
l'univers. L'intervention américaine contribuerait, d'autre part, à faire
l'éducation libérale d u peuple américain en matière de politique m o n –
diale. L'Amérique a de puissants « intérêts sentimentaux » dans l e
Proche-Orient: elle y possède en effet des missions et des écoles. Les
dépenses qu'entraînerait le mandat ne sont pas celles qu ' on p o u r r a i t
craindre. L'État mandaté, après une période initiale ne dépassant pas
c i n q années; pourra subvenir lui-même à ses propres besoins, et i l y
aura pour les États-Unis de grands avantages commerciaux à tirer de
la région mandatée et des pays voisins (Russie, Roumanie, etc.). En dé–
finitive, « mieux vaut dépenser des mi l l i on s de dollars pour un manda t
que d'en perdre des b i l l i on s dans des guerres futures » .
Le général Harbord termine finalement son rapport eu constatant
«
le respect, l a confiance et l'affection » d on t le nom américain est en –
touré dans tout le Proche-Orient, et en attirant l'attention sur les graves
Fonds A.R.A.M