DEVANT L E PROBLÈME ARMÉNIEN
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pourrait non plus renoncer au remboursement de la dette, sinon son
administration courrait le risque d'être discréditée (1).
Tout en ne se considérant pas qualifié pour recommander formelle–
ment aux États-Unis d'assumer le mandat pour le Proche-Orient, le
Commissaire américain croit cependant, en terminant son rapport,
devoir énumérer successivement les raisons
pour
ou
contre
l'accepta–
tion. Et la manière dont i l les présente montre clairement q u ' i l est par–
tisan du mandat américain.
Les principales raisons que le rapport fait valoir
contre
l'acceptation
du mandat par l'Amérique peuvent se résumer comme s u i t :
A l'extérieur, les États-Unis ont des obligations antérieures et les
touchant de plus près que le problème arménien, ainsi que des sphères
d'influence bien reconnues où une situation difficile appelle l'action
américaine. A l'intérieur, i l s doivent résoudre des problèmes nés de
la guerre. Us ne sont aucunement responsables de la situation dans le
Proche-Orient. D'autres peuples, et en particulier l'Angleterre, pour–
raient également assurer, en qualité de mandataires, la justice et l a
sécurité dans le Proche-Orient. Les États-Unis ne peuvent, d'autre part,
garantir la continuité de l eu r politique étrangère : aucun Congrès ne
saurait lier ses successeurs, et les traités eux-mêmes peuvent être
privés de leur effet par le refus des crédits q u i assurent leur exécution.
L'acceptation d ' un mandat dans le Proche-Orient, q u i pendant des
siècles a été le champ de bataille des utilitarismes et des impéria–
lisme?, affaiblirai., la position des Étals-Unis relativement à la doctrine
de Monroe, les mêlerait, contrairement à leur tradition, à la politique
du Vieux-Monde et pou r r a i t les opposer à la Russie reconstituée. L'A–
mérique pourrait ainsi être entraînée dans des conflits avec le=. p o l i t i –
ques et les ambitions des États qu i sont maintenant ses amis et qu i pour–
raient devenir ses r i v aux . L'intervention américaine dans le Proche-
Orient priverait de leur avantage stratégique les États-Unis au j ou r d ' hu i
séparés par l'océan Atlantique des autres peuples ; leurs lignes de
communication avec Constantinople seraient à la me r c i des autres
puissances navales. Le mandat exigerait probablement une augmen–
tation de l'armée et de la flotte. I I réclamerait aussi de fortes dépenses.
Les capitaux ne s'employeraient certainement pas à la construction
si difficile des chemins de fer sans une garantie gouvernementale. Les
possibilités commerciales pourraient être développées plus facilement
dans des pays moins lointains. L'Amérique serait impliquée dans cette
entreprise pour au moins une génération, et le Congrès devrait avancer
(1)
Rapport, p. 24-25.
Fonds A.R.A.M