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LA SOCIÉTÉ DES NATIONS E t LES PUISSANCES
Tu r c s , surexcités que sont ceux-ci par l'occupation grecque de Smyrne
et par « les activités et la propagande de certaines puissances euro–
péennes' ». I l né serait donc pas sage, remarque le général Harbord,
d'incorporer au j o u r d ' hu i des territoires turcs à une Arménie séparée, et
de donner à une minorité arménienne, dont les cœurs sont pleins de
rancœurs contre une tyrannie séculaire, le pouvoir sur une majorité
musu lmane : ce que pour l ' i ns t an t on doit éviter, c'est de tracer des
frontières définies entre les deux races ; or, seule, la concentration d u
contrôle dans les mains d ' un unique mandataire peut permettre d'abou–
t i r à ce résultat (1).
En ce q u i concerne la puissance q u i devrait assumer le « mandat
dans l e Proche-Orient », le r a pp o r t est d'avis (2) que très probablement
un plébiscite se prononcerait en faveur d ' un mandat américain pour tout
l'Empire o t t oman , à l'exclusion de la Syrie, de la Mésopotamie et de
l'Arabie. Mais le général Harbord prend soin d'ajouter que l'Amérique
ne devrait pas accepter, le cas échéant, un pareil mandat, sans avoir
au préalable, au moyen d'accords formels avec les puissances, p r i s
toutes précautions contre des complications internationales et avoir fait
accepter par elles ses conditions. Et p a rm i ces conditions le général cite
comme particulièrement importantes : le contrôle absolu des relations
étrangères de l'Empire ottoman ; la révision des concessions conférant
des privilèges exclusifs s'il est établi que ceux-ci sont contraires à l ' i n –
térêt de l'État; l'annulation des concessions non encore exploitées et
q u i ne sont pas désirables d u point de vue d u mandataire ; l'abolition
d u système affectant certains revenus à des buts déterminés et le c o n –
trôle de tous les revenus par la trésorerie; l'abolition du contrôle étran–
ger sur les finances turques, spécialement l a dissolution du Conseil
de la dette publique ottomane ; l'unification et le remboursement de
toutes les obligations étrangères de l'Empire ; l a participation de l a
Syrie et de l a Mésopotamie dans les obligations étrangères ; l'abroga–
t i o n des traités de commerce de la T u r q u i e .
Mais le général Harbord se rend bien comple que beaucoup des me su –
res q u ' i l préconise ainsi, par exemple l'abolition du contrôle financier
étranger, n'obtiendront pas facilement l'assentiment des puissances. 11
ne les en déclare pas moins indispensables. L'Amérique, d i t - i l , doit
insister pour qu'elles soient prises, car elle ne saurait admettre que sa
politique financière fût contrôlée par des capitaux étrangers ; elle ne
(1)
Rapport, p. 18-19.
(2)
P. 19.
Fonds A.R.A.M