DEVANT L E PROBLÈME ARMÉNIEN
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missaires ne recommandent pas que le mandat soit donné à l'Amérique
si ces conditions ne peuvent être essentiellement admises » (1).
Cependant l a mission King-Crane ne fut pas l a seule q u i fut chargée
de faire une enquête au sujet de l a Tu r qu i e . Une autre ne tarda pas à
l a suivre. Au mois de septembre 1919, le Président des États-Unis envoya
en Arménie une mission m i l i t a i r e présidée par le général James G. Har-
b o r d . Et le rapport que ce général adressa au secrétaire d'État est pénétré
d'un esprit tout semblable à celui d u rapport Crane-King (2).
«
A supposer, d i t en effet ce r appo r t , q u ' i l doive y avoir u n manda t
p o u r l'Arménie et la Transcaucasie, et, u n autre pour Constantinople et
l ' Ana t o l i e , i l y a beaucoup de considérations plaidant en faveur de
l'exercice de ces mandats par la même puissance. Si des puissances
différentes exerçaient ces mandats, les inévitables jalousies et haines,
les tendances séparatistes exagérées et les difficultés économiques con–
du i r a i en t vers u n échec. Malgré tous ses défauts, l'Empire o t t oman est
une i n s t i t u t i o n existante et i l possède une machinerie po l i t i que , bien
que rouillée et entachée de sang, q u i pou r r a i t fonctionner sous le con–
trôle d ' un mandataire f o r t . Les peuples en question vivent dans des
territoires adjacents et, qu ' i l s l e désirent o u non , sont des voisins. Un
seul mandataire pour l'Empire turc et la Transcaucasie serait l a solu–
tion l a plus économique. Aucun système r a t i onn e l de chemins de fer e n
Transcaucasie et en Arménie ne saurait être élaboré sans extension en
Anatolie. Les grandes routes naturelles à travers les montagnes de
l'Arménie sont rares et le développement des transports même avec des
embranchements appropriés sera, dans le me i l l eu r cas, coûteux et diffi–
cile ; sans accès à l'Anatolie.il sera impossible. Pour beaucoup d'années,
les dépenses de l'exploitation ne seront pas couvertes par des revenus
correspondants. Cette situation serait allégée par l'unification d u con–
trôle des deux régions. Si Constantinople, l'Anatolie et l'Arménie
étaient dans des mains différentes, les fabricants et exportateurs de
l'Arménie ne pourraient escompter une pa r t i c i pa t i on égale dans le
commerce et le trafic d u Proche-Orient » (3).
Le r appo r t exprime ensuite l a crainte que la déclaration par les
puissances de v ou l o i r tailler une Arménie indépendante dans l'Empire
o t t oman , s i elle n'est pas suivie d'une forte occupation mi l i t a i r e de cet
Empire, ne donne le signal d'un massacre général des Chrétiens par les
(
t)
Report King-Crane,
pp. XVI1I-XX.
(2)
Conditions in the tiear East,
Report of the American Military Mission to Armé–
nie by Maj. Gen. James G. Barbord. 66th Congress 2d session. Senate Document
n° 266.
(3)
Rapport, p. 16.
Fonds A.R.A.M