DEVANT LE PROBLÈME ARMÉNIEN
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donné les résultats que j e m'en étais promis » (1). En général, on peut
dire que la première période d u Taniiraat (1839-1856), malgré une cer–
taine modernisation de l'administration et de la justice, n'apporta
aucune amélioration sensible dans le sort des Chrétiens, toujours consi–
dérés comme les inférieurs des Musulmans.
Dans ces conditions i l ne faut pas s'étonner si l'intervention étran–
gère ne s'arrêtait pas. La Russie continuait à exercer son protectorat
sur les Chrétiens orthodoxes et surtout à surveiller l'application des p r i –
vilèges accordés à la Serbie et aux Principautés danubiennes (2). Et,
dans cette même époque, les c i nq Puissances se virent forcées d'inter–
venir collectivement dans la question d u Liban, ensanglanté par les
luttes des Druses musulmans et des Maronites catholiques. Cette inter–
vention des cinq Puissances eut tous les traits caractéristiques d'une
intervention d'humanité (3).
I I I
L'INTERVENTION COLLECTIVE DES GRANDES PUISSANCES DEPUIS LE TRAITÉ
DE PARIS JUSQU'AU TRAITÉ DE BERLIN.
Le traité de Paris d u 30 mars 1856 m i l u n terme à l'intervention séparée
de la Russie en faveur des Chrétiens de Tu r q u i e . Mais les mêmes Puis–
sances qu i avaient fait la guerre à la Russie pour empêcher la prédomi–
nance de son influence dans l'Empire ottoman s'empressèrent de placer
cet Empire sous la surveillance collective des grands États européens. I l
devenait, en effet, de plus en plus clair que les réformes turques étaient
inefficaces et qu'au cas où 1 Europe se désintéresserait complètement
(1)
Engelhardt,
La Turquie et le Tanzimat,
t .
I,
p . 75.
(2)
V.
la convention russo-turque conclue à Balta-Ltman le mai 1849, introduisant
des changements dans le règlement organique des Principautés. Noradounghian,
Recueil,
t.
II,
p. 389.
(3)
Sur les conseils des Puissances, la Porte se décida à nommer au Liban deux
Caimakams
(
gouverneurs) indigènes, choisis l'un pour ies Druses, l'autre pour les
Maronites, et placés sous la dépendance du Gouverneur général turc de Saïda. La Note
officielle de la Porte du 7 décembre 1842 à l'ambassadeur d'Angleterre dit expres–
sément que cette résolution a été-prise par elle «dans son désir de se conformer
aux conseils amicaux qui lui sont donnés par ses amis » (Gabriel Effendi Noradoun–
ghian,
Recueil d'actes internationaux de l'Empire Ottoman,
t.
II,
p . 351). Cependant les
troubles reprirent bientôt, le gouverneur général turc laissant les Druses se livrer
à des atrocités contre les Maronites. D'où nouvelle intervention des Puissances,
dont la Porte tint compte, en établissant en 1846 un Conseil mixte auprès de chacun
des deux Caimakams et en introduisant quelques autres réformes qui amenèrent un
apaisement temporaire.
V.
Noradounghian,
Recueil,
t. 11, p. 360-369; Engelhardt,
op. cit.,
t.
I,
p.
sa.
Fonds A.R.A.M