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LA SOCIÉTÉ DES NATIONS ET LUS PUISSANCES
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est fort curieux que l a Note responsive de l a Porte à celte c ommu –
nication, datée d u 24 a v r i l 1830, donne les mêmes motifs humanitaires
pour son adliésion aux demandes des Puissances. La Porte « accepte ce
q u i a été résolu comme devant ainsi procurer la sécurité et la t r a n q u i l –
lité des pays, et assurer le bonheur et la paix des hommes » (1).
Pendant celle même période précédant le traité de Paris d u 30 mars
183(5,
le Sultan A b d u l Medjid 11, sous l ' i mpu l s i o n de son ministre Rechid
Pacha, inaugura l'ère des
réformes
turques, le
Tanzimat
(2).
Le rescrit
impérial ou
Haïti Chérif
promulgué, le 3 novembre 1839, à Gulhané,
constituait, certes, au point de vue de l ' I s l am, une véritable révolution,
puisqu'il i n t r odu i s a i t , ne fût-ce que sous certains rapports, une égalité
enlre tous les sujets de l a Porte. En effet, d'après cet acte, les nouvelles
institutions < doivent principalement porter sur trois points, q u i sont :
1
° les garanties q u i assurent à nos sujets une parfaite sécurité quan t à
l a vie, leur honneur et l eu r fortune ; 2* u n mode régulier d'asseoir et de
prélever les impôts ; 3° u n mode également régulier pou r l a levée des
soldats et l a durée de leur service » (3). I l est certain que, si les principes
d u Haïti Chérif de Gulhané avaient été mi s en exécution, cet acte aurait
r endu dorénavant i nu t i l e toute intervention d'humanité. Malheureuse–
ment, celte charte, comme toutes celles q u i la suivirent, était vouée à l a
stérilité, par le fait d u mauvais vouloir et de l'incapacité de l ' a dm i n i s –
tration ottomane. Quelques réformes furent, en effet, introduites, n o t am–
ment dans l'administration des finances. A i n s i fut supprimée la ferme
des dîmes —
Ylllizam
q u i avait donné l i e u à d'énormes abus ; a i ns i
fut-il décidé que l'impôt spécial sur les non-Musulmans, la capitalion
(
le
Kharadj),
serait dorénavant prélevé par l'entremise des c ommunau –
tés religieuses, ce qu i épargnait du moins aux rayas les abus des collec–
teurs. Mais en 1842 on retourna à l'ancien système fiscal. Le Sultan A b d u l
Medjid et son g r a nd Vizir Rechid Pacha élaient animés des meilleurs
sentiments. I l s étaient toutefois impuissants contre le fanatisme turc.
En février 1845, le Sultan promulgua un nouveau Hatti-Cherif contenant
l'aveu de l'insuccès des réformes de 1839 : « On ne peut nier, d i t
A b d u l Medjid, que malgré les soins apportés à la réalisation de mes
vues, aucun de mes projets, à l'exception de la réforme m i l i t a i r e , n'a
(1)
Noradounghian,
Recueil,
t. I I , p. 192. L'intervention des trois Puissances s'est
manifestée également en faveur de l'Ile de Samos, à laquelle la Porte accorda une cer–
taine autonomie qu'elle notifia aux dites Puissances (10 décembre 1832). V. Noradoun–
gbian,
Recueil,
t . I l , p. 216.
(2)
Sur les réformes en Turquie, V. Engelbardt,
La Turquie et le Tanzimat,
2
v o l .
1882-1884 ;
A. du Velay,
Essai sur l'histoire financière de ta Turquie
;
Gabriel Effendi
Noradounghian,
Becueil d'actes internationaux de tEmpire ottoman,
4
vol. 1900-190:;.
(3)
Noradounghian,
Becueil,
t . I I , p . 287.
Fonds A.R.A.M