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L A SOCIÉTÉ DES NATIONS ET LES PUISSANCES
elle coopérerait avec les Puissances alliées pour leur mise en valeur (1).
En conformité de ce p r o g r amme , la Conférence de San Remo assura à
l'Italie deux zones d'influence économique, l'une dans l'Anatolie méri–
dionale, l'autre dans le bassin h o u i l l e r d'Héraclée (2). Cela n'empêcha
pas l'honorable M. N i t t i de faire des réserves expresses sur l'exécutabi-
lité du traité (3).
A Spa, en j u i l l e t 1920, le Comte Sforza s'employa très activement à
obtenir de meilleures conditions de paix pour la Tu r qu i e , et le 22 j u i l l e t ,
à peine de retour à Rome, le mi n i s t r e italien dénonça l'accord T i t t o n i -
Vénizelos du 29 j u i l l e t 1919, q u i avait scellé l'appui mu t u e l de l'Italie et
delà Grèce pour leurs revendications en Asie Mineure. 11 motiva cette
dénonciation notamment par les décisions des Alliés au sujet de l'Asie
Mineure q u i obligeaient l'Italie à modifier sa politique dans ces régions.
«
A u j o u r d ' h u i , d i t le Comte Sforza à la Chambre italienne le 9 août 1920,
l ' Or i en t mu s u lman veut vivre, veut progresser, veut compter, l u i aussi,
dans la société de d ema i n . A u x Turcs de l'Anatolie qu i ont une histoire
m i l i t a i r e glorieuse, nous avons v o u l u offrir une cordiale et loyale col–
laboration économique et morale, laissant entière la liberté et l a souve–
raineté de l a Tu r q u i e . Le système choisi par nous répond à nos plus
hauts principes mo r aux . Mais j e crois aussi qu'à la longue i l correspon–
dra a nos meilleurs intérêts matériels » (4).
Ce discours d u mi n i s t r e des affaires étrangères italien semble une
preuve manifeste que l'Italie q u i signa le traité de Sèvres le 10 août
1920
le fit à contre-cœur et avec les plus sérieux doutes quant à son
efficacité.
V
A T T I T U D E D E S É T A T S - U N I S D'AMÉRIQUE DEPUIS L'ARMISTICE
E T JUSQU'AU T R A I T É D E S È V R E S .
L'attitude des États-Unis d'Amérique, q u i a exercé sur le sort de l ' A r –
ménie une très grande influence, exige u n examen particulier.
Le 20 mars 1919, sur l ' i n i t i a t i v e d u Président W i l s o n , le Conseil des
Quatre avait décidé l'envoi dans l e Proche-Orient d'une Commission i n –
teralliée composée de délégués des États-Unis, de l a France, de l ' A n –
gleterre et de l'Italie pour r e cue i l l i r les vœux des populations et faire
(1)
Giannini,
La quittions orientale,
p . 8-10.
(2)
Comp. l'article de M . Camille Fidel,
la zone d'influence de l'Italie en Anatolie,
dans la
Correspondance d'Orient
du 15-80 juillet 1920, p. 9-21.
(3)
Giannini,
La guestione orientale,
p. 12.
(4)
Giannini,
Carlo Sforza, Vn anno di politica estera,
p. 34 et 50.
Fonds A.R.A.M