DEVANT L E PROBLÈME ARMÉNIEN
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Les Nationalistes indiens ne réussirent cependant pas à i mp l i q u e r les
masses dans un conflit immédiat avec le gouvernement b r i t ann i que . La
Publication des conditions de paix avec la Tu r qu i e , après la Conférence
de San Remo, ne provoqua pas la « non-coopération » avec le gouverne–
ment qu'avait préconisée M . Gandin ( I ) . L'Angleterre était donc, d u
moins pour le moment, affranchie de l a préoccupation principale q u i
avait quelque peu entravé sa politique envers l'Empire ottoman v a i n c u .
C. —
Situation de VItalie.
L'Italie, considérée par" les Alliés comme déchue des droits sur
Smyrne à la suite de la non-adhésion de la Russie au traité de Saint-
Jean-de-Maurienne, s'était assuré des compensations de fait en procé–
dant à une occupation dans la région d'Adalia, compensations q u i l u i
avaient d'ailleurs été tout d'abord disputées avec assez de mauvaise
grâce par les Alliés (2), mais qu i furent ensuite reconnues et consolidées
par l'accord Tiltoni-Vénizelos (3). Elle se trouvait, malgré celle o c cupa –
tion, manifestement désavantagée. Le gouvernement i t a l i en , soutenu
par l'opinion pub l i que italienne, se mo n t r a cependant, en général, h o s –
tile à un démembrement de la Tu r qu i e et favorable au ma i n t i en d u
Sultan à Constantinople, tout en se déclarant soucieux de p a r t i c i p e r a
l'exploitation économique de l'Empire. En février 1920, M. N i t t i plaida
devant la Conférence siégeant à Londres en faveur de la conclusion d ' un
traité de paix qu i fût pratiquement exécutable et tint compte des a s p i –
rations nationales de la Tu r qu i e . Et le ministre déclara, le 30 mars, de–
vant la Chambre italienne, que l'Italie n'avait pas l ' i n t e n t i on de faire
des acquisitions territoriales en Tu r qu i e , acquisitions q u i seraient u n e
charge insupportable et la raison de haines profondes et de futures
guerres. Toutefois, continuait M. N i t t i , l'Italie ne saurait se désintéres–
ser des immenses matières premières se trouvant en Asie Mineure et
le fait à toute là nation indienne, serait incompatible avec l'expectative d'un loyalisme
aveugle. Ayant fait tout ce qu'exigeait de nous notre devoir de Musulmans, de sujets
loyaux du Roi Empereur, d'hommes désirant ardemment assurer une paix juste et durable
et investis d'une mission de réconciliation et de concorde, nous attendons maintenant, des
puissances alliées, leur réponse à nos appels et a nos avertissements. Mais d'une bien
plus grande importance, pour le monde musulman, sera la réponse de Votre Majesté aux
demandes des Alliés, et avant que cette réponse ne soit faite, nous estimons qu'il est de
notre humble devoir de déclarer à Votre Majesté que l'Islam aujourd'hui se tient soli–
dement à ses côtés comme i l ne s'y était jamais tenu depuis les derniers Khulafai Rachi-
dine (les quatre premiers Califes connus comme les Califes bien inspirés) qui ne sont
plus de ce monde
».
(1)
Times
du 29 mai 1920, article :
Caliphate agitation
failing.
(2)
Giannini,
La questione orientale alla Conferenza délia Pace,
p. 4.
(3)
V. plus haut.
Fonds A.R.A.M