DEVANT L E PROBLÈME ARMÉNIEN
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tout son appu i . Et, le 23 novembre 1919, une Conférence pan-indienne
d u Califat, q u i se réunit a D n i , vota des résolutions réclamant une
paix avec l a Tu r q u i e conforme aux vœux des Musulmans et menaçant le
gouvernement d ' un boycottage des p r odu i t s anglais et d'une cessation
de toute coopération des éléments musu lmans . Une Délégation des
Indes pour la défense d u Califat fut enfin chargée d'exposer au gouver–
nement anglais ses revendications q u i se résumaient comme suit : restau–
ration intégrale de l'Empire ottoman d'avant-guerre, sauf à accorder
des autonomies aux minorités ; absence de tout contrôle n o n -
mu s u l ma n sur les parties arabes de l'Empire ; ma i n t i en au Calife d u
caractère de « serviteur» des villes saintes. Comme on le voit, le mo u –
vement était surtout politique. Les Indiens prétendaient cependant se
placer sur un terrain purement religieux, le Prophète ayant légué aux
Musulmans le soin de garder intact son héritage (1).
Dans ces conditions, l ' op i n i on pub l i que anglaise s'émut, et de divers
côtés des Mémoires furent envoyés au gouvernement. Un double cou–
rant se manifesta. Une partie de l'opinion préconisa la conservation à la
Turquie de Constantinople; de Smyrne et de la Thrace, pays auxquels
elle attribuait une population prédominante turque, mais reconnut l a
nécessité de libérer les Arméniens et les Arabes du j o u g ottoman (2). Une
autre, ne se souciant guère de voir la politique anglaise prendre ses
inspirations aux Indes, réclama l'entière expulsion des Turcs de
l'Europe (3). A v r a i d i r e , en dépit d u trouble que l'agitation aux Indes
(1)
Comp. sur le mouvement aux Indes, l'Asie
française,
n<"
178,
179,
180,
182.
(2)
Dans un
Mémoire présenté à M.
Lloyd George
par un groupe de notabilités anglai–
ses en septembre 1919
(
TheTimee,
10
septembre 1919), nous lisons: « Nous compre–
nons
parfaitement qu
'
il sera
nécessaire de délivrer les Arméniens du mauvais gouver–
nement turc
et
de donner
libre
cours aux
aspirations arabes... Notre politique devrait
être telle qu
'
elle pourrait
être défendue
au
nom des
principes auxquels
nous
avons
fait
ppel nous-mêmes
pendant
la guerre et
auxquels
des
Musulmans instruits doivent
adhé–
rer. Ces
principes seront violés si des pays
comme la Thraee
et
l
'
Asie Mineure où
les
Turcs
prédominent sont soumis à la domination européenne. Ceci sera non seulement
une grave
injustice, mais une grande faute politique
En qualité de puissance asiati–
que, nous
avons besoin de la bonne volonté des Musulmans ; par la destruction
de la
Souveraineté turque dans ces pnys
nous
la perdrions inévitablement ^. Un autre Mémoire
d
'
un
nombre de notabilités anglaises et indiennes
fut
présenté è M. Lloyd George en
décembre 1919
(
The Times,
24
décembre 1919).
Les
signataires de ce Mémoire recom–
mandent au gouvernement de poursuivre envers
la
Turquie une politique
qui
ferait dis–
paraître dans le monde musulman la fermentation et le trouble dus aux rumeurs que
les Alliés se proposeraient de séparer de la
Turquie
des provinces dont la population
prédominante est turque, qu'ils auraient
même l
'
intention de placer la Turquie sous un
mandat et qu'enfin la protection des Lieux-Saints
de l
'
Islam devrait passer entre des
mains non-musulmanes.
(
S)
V. ls mémoire dans
The Times
du
23
février
1920
signé par un grand nombre
d
écrivains, d'ecclésiastiques
et
de professeurs
au
moment
la rumeur publique an–
nonçait
déjà
que la Conférence de la Paix avait décidé de laisser Constantinople
aux
Fonds A.R.A.M