DBVANT LE PROBLÈME ARMÉNIEN
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russe, nous voyons se produire des cas
d'interventions
d'humanité col–
lectives
de plusieurs Puissances dans les affaires intérieures de l a
Turquie.
Parmi celles-ci, l'intervention de la France, de l a Grande-Bretagne et
de la Russie, lors de l'insurrection grecque de 1821, intervention q u i
aboutit, en 1830, à l'indépendance de la Grèce, est surtout significative.
Les différents documents diplomatiques se référant à cette i n t e r v e n t i on
révèlent une générosité et une largeur de vues qu'on regrette de ne pas
voir se manifester avec la même force dans les actes q u i règlent le sort
du monde de nos j o u r s . Certes, les Puissances i nd i quen t parmi, les
causes de leur intervention l'intérêt immédiat qu'elles on t à voir cesser
l'anarchie dans les provinces grecques qu i donne lieu à des pirateries
et apporte des entraves au commerce européen. Mais à cette saine
appréciation d u propre intérêt se j o i n t la conscience d'un devoir huma –
nitaire. Les Puissances, dit le préambule d u traité de Londres d u
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j u i l l e t 1827, « ont résolu de combiner leurs efforts et d'en régler l'ac–
tion par u n traité formel, dans le but de rétablir la paix entre les Par–
ties contendanles, au moyen d ' un arrangement réclamé autant par un
sentiment d'humanité que par l'intérêt d u repos de l'Europe », Et l ' a r –
ticle K du traité déclare : « Les Puissances contractantes ne cherche–
ront dans ces arrangements aucune augmentation de t e r r i t o i r e , aucune
influence exclusive, aucun avantage de commerce pour leurs sujets,
que ceux de toute autre nation ne puissent également obtenir » (1). Le
caractère humanitaire de l'intervention des Puissances apparaît encore
plus nettement dans la Note d u 8 avril 1830, par laquelle elles portent à
la connaissance de la Sublime Porte les résolutions du protocole d e
Londres du 3 février relatif à l'indépendance de la Grèce et où elles
rappellent les vues q u i avaient motivé l'alliance des trois Cours : « Rem–
p l i r un devoir impérieux d'humanité en mettant u n terme aux troubles
qu i désolaient ces contrées malheureuses ; rendre au commerce et à la
navigation la sécurité qu'ils avaient perdue ; préserver l'Europe d'une
conflagration dont elle était incessamment menacée pa r l a durée d ' un
état de choses incompatible avec son repos ; asseoir dès lors la paix sur
de si fortes bases q u ' i l ne restât à l'avenir que le moins de chance pos–
sible pour la troubler de nouveau, et consolider enfin l'existence même
de l ' Emp i r e ottoman ; telles ont été -les vues q u i on t invariablement
dirigé les trois Hautes Puissances » (2).
(1)
Gabriel Effendi Noradounghian,
Recueil d'actes internationaux de FEmpire otto–
man,
t. I I , p. 130-132.
(2)
Gabriel Effendi Noradounghian,
Recueil d'actes internationaux de l'Empire otto–
man,
t . , I I , p . 186.
Fonds A.R.A.M