DEVANT L E PROBLÈME ARMÉNIEN
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La Conférence de San Kemo q u i prépara le traité de Sèvres, et distribua
les mandats remplaçant les anciennes zones d'influence, réduisit c o n s i –
dérablement la part française en Asie telle qu'elle avait été prévue p a r
les accords de 1916. D'un côté, en effet, la Tu r qu i e récupérait la partie
de la Cilicie à l'Ouest du fleuve D j i h oun avec Adana et Mersine, et une
m i e n arrivèrent en juin 1920) » (Brémond, p . 30-31). Et le colonel Robert Normand
déclare de son côté :
t
Notre extensiou du 1 " novembre 1919 dans les territoires de l'Est
(
Ourfa, Maracb, Aïntab), eiéeutée avec d'infimes éléments prélevés par le colonel de
Piépape sur la pauvre petite brigade française de Cilicie, pour relever sans moyens (ni
camions, ni auto-mitrailleuses, ni
T .
S. F.)!es garnisons anglaises nombreuses et admi–
rablement outillées, donnait en outre à notre occupation un caractère permanent, alors
que le séjour des troupes anglaises, au lendemain d'une victoire, était considéré comme
provisoire ; l'emploi inévitable, faute d'autres ressources, mais impolitique, de la légion
arménienne, n'était pas fait pour calmer Us esprits. La faiblesse de noj troupes deve–
nait un danger en présence de l'agitation nationaliste qui croissait tout naturellement
dans ces circonstances favorables... » (Normand,
VAtie française,
n° 189, p.
60).
Moustapha Kémal Pacha tacha dès la fin de l'année 1919 de provoquer des soulève–
ments contre les Français en Cilicie et dans les confins militaire». En janvier 1920,
Marache était attaquée par les Kémalistes et évacuée par la garnison française ; «
1
à
8.000
Arméniens partirent avec la colonne, par un froid russe ; 2.000 environ, qui, pré–
venus trop tard, tentèrent de la rejoindre au matin, furent presque tous massacrés;....
le bataillon Bernard des tirailleurs, qui formait l'arrière-garde, avait fait halte pendant
une demi-journée pour couvrir la marche des Arméniens, qui laissaient derrière eux des
milliers de cadavres » (Brémond, p. 40-41). « On illumina & Sivas et i Angora. Un fré–
missement d'orgueil galvanisa le Kémalisme encore hésitant... La perte de Marache était
un coup terrible pour notre prestige ; i l aurait fallu pouvoir le rétablir, en réoccupant
immédiatement la ville. Mais les troupes qui avaient subi cette épreuve avaient besoin
de se refaire et de se reconstituer. La nécessité de garder une ligne de chemin de fer de
600
kilomètres absorbait tous les efforts dans un jeu de navette épuisant et stérile. D'au–
tant qu'au milieu de cette voie ferrée se trouvait le centre chérifien d'Alep, qui empê–
chait tout ravitaillement sérieux » (Brémond, p. 41).
Bientôt la situation devint grave à Ourfa. « La garnison d'Ourfa bloquée, assiégée,
bombardée au 105 alors qu'elle n'avait pas de canons, sans aucune liaison avec le com–
mandement puisqu'elle n'avait pas de T. S. F., allait arriver au bout de ses vivres et de
ses munitions. Malgré les tentatives faites par te général de Lsmotte pour rétablir les
communications avec elle, et qui n'aboutirent pas, i l fallut en arriver à un arrangement
aux termes duquel la garnison évacuait Ourfa et se retirait sur l'Euphiate. Mais, encours
de route, elle tomba dans une embuscade et fut massacrée entièrement à l'exception d'un
officier et de quelques hommes » (Brémond, p. 43).
Des confins de l'Est, l'agitation kémaliste gagna la Cilicie. Bientôt, Hadjin, Bozanti,
Mersine, Adana étaient bloqués. « I l n'y s pas eu d'invasion kémaliste en Cilicie à pro–
prement parler, mais seulement l'arrivée de 2 à 3.000 individus, où l'on trouvait jusqu'à
des Afghans, menés par des Allemands ou des officiers turcs germanisés, et qui obli–
gèrent les villages à fournir des contributions en argent et en nature, et des recrues
que l'on constituait en .abors
i bâtai
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de 100 à 1"0 hommes » (Brémond, p. 47). La
situation empira après un armistice conclu à Angora, en mai 1920, par M. Robert de
C»ix avec Moustapha Kémal Pacha, en vertu duquel les Français, en dehors de Bozanti
qu'ils avaient déjà évacuée, se retiraient de Sis et d'AIntab. Apres l'expiration de l'ar–
mistice, durant tout l'été 1920, les bandes kémalistes, redoublant d'audace, renouvelè–
rent leurs attaques contre Tarsous et Mersine, mettaient le siège devant Adana et com–
battaient les faibles colonnes frinçaises, qui débloquaient et ravitaillaient les garnisons
échelonnées le long du chemin de fer. Vers la fin de juillet une amélioration se produi-
Fonds A.R.A.M