DEVANT L E PROBLÈME ARMÉNIEN
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ment hostile à la France et même à élever des prétentions sur la Syrie
tout entière et sur la Palestine.
En v e r t u d ' un accord f r an c o - b r i t ann i qu e , signé le 18 septembre 1919,
les troupes anglaises f ur en t relevées par des troupes françaises en
Cilicie et dans la Syrie côtière (zone bleue). Cependant, malgré l'attitude
conciliante adoptée par le gouvernement français vis-à-vis de l ' Emi r
Faïçal, celui-ci ne se départit pas de ses prétentions et se fit proclamer,
par l e Congrès syrien de Damas, le 7 mars 1920, Roi de la Syrie indé–
pendante (1). La Conférence de San Remo ayant attribué le mandat sur
la Syrie à la France, l'Emir ne s'inclina point devant cette décision,
rejeta le mandat et persévéra dans son attitude anti-française. Force f u t
donc au général Gouraud, Haut-Commissaire français en Syrie et en
Cilicie, d'adresser à l ' Emi r , le 14 j u i l l e t , u n u l t i ma t um (2), e l , après
l'insuccès de celui-ci, de briser la résistance de l'armée chérifienne dans
la bataillé de Khan-Meiseloun (24 j u i l l e t 1920). Ce n'est qu'après cette
bataille et l a fuite de l ' Emi r Faïçal que la France put procéder à l'exer–
cice pacifique de son mandat en Syrie.
Mais les difficultés que le Haut-Commissaire français avait rencon–
trées en Syrie pendant les années 1919 et 1920 eurent l eu r répercus–
sion sur la situation en Cilicie, pour le g r and ma l heu r de l a population
arménienne de ce pays, q u i avait mi s tout son espoir en la présence
bienfaisante de la France.
En Cilicie, comme en Syrie, les troupes anglaises avaient été relevées
par les troupes françaises vers l a fin de l'année 1919. Mais déjà aupa -
des districts de Damas, Homs, Hama et Alep ne peuvent être considérés comme pare–
ment arabes et doivent être exclus des limites et frontières envisagées. Avec les modi–
fications ci-dessus, et sans préjudice de nos traités actuels avec les chefs arabes, nous
acceptons ces limites et ces frontières ; et en ce qui concerne, à l'intérieur de ces limi–
tes, les parties de territoires où la Grande-Bretagne est libre d'agir sans porter atteinte
aux intérêts de son alliée, la France, je suis autorisé par le gouvernement britannique
à vous donner les assurances suivantes et à faire la réponse suivante à votre lettre :
«
Sons réserve des modifications ci-dessus, la Grande-Bretagne est disposée à reconnaî–
tre et i soutenir l'indépendance des Arabes à l'intérieur des territoires compris dans
les limites et frontières proposées par le Chérif de la Mecque » (Voir sur cette question
l'Asie française,
n» 176, août-novembre 1919, p. 247-249 ; l'article
L'opinion anglaise el
la Syrie, ibid.,
p . 249-257 ; la note
Les prétentions de CEmir Faiçal sur la Syrie,
ibid.,
p . 28t.
(1)
Comp. l'article de
M.
Froidevaux,
Les événements de Damas,
dans l'Asie
française,
n*
181,
p . 106.
(2)
Cet ultimatum, en exigeant, entre antres choses, l'acceptation du mandat français,
prenait soin d'ajouter qu' • i l ne comportera de la part de la puissance mandataire qu
'
an
concours apporté sous forme d'aide et de collaboration, mais en aucun cas ne prendra
la forme coloniale d'une annexion ou d'une administration directe ». V. l'article
La
chute du -gouvernement arabe de Damas,
dans
l'Asie française,
septembre-octobre 1920,
186,
p. 300 et sni*.
Fonds A.R.A.M