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L A SOCIÉTÉ DES NATIONS ET LES PUISSANCES
céréales, en pétrole, en coton, en soie, en laine, etc. (1). I l était c om –
préhensible également que la politique française cherchât, par une a l t i –
tude conciliante envers le nouvel État turc, à conserver son influence
morale et économique dans les portions de l'ancien Empire q u i l u i
devaient rester. Une pareille attitude, favorable au maintien d u Calife à
Constantinople, paraissait en même temps au gouvernement français
conforme à son souci de ménager les sentiments religieux de l'immense
Emp i r e colonial que la France s'était créé dans le monde mu s u l m a n .
Malheureusement la suite des événements démontra que les dispositions
conciliantes dé l a France furent ma l interprétées par les dirigeants
d'Angora, q u i n ' y virent qu ' un aveu de faiblesse ou de lassitude.
L'armistice de Lemnos avait trouvé la France dans une situation très
désavantageuse pour la défense de ses intérêts dans le Proche-Orient.
Pendant la Grande Guerre, l'armée française d'Orient avait porté le poids
p r i n c i p a l de l'expédition de Salonique, tandis qu'à l'Angleterre, installée
en Egypte, échut tout naturellement l e rôle p r i nc i pa l dans la conquête
de la Tu r qu i e d'Asie. En conséquence, au moment de la conclusion, par
les Alliés, de l'armistice d u 30 octobre 1918, l a Mésopotamie, aussi
b i en que l a Syrie, l a Cilicie et l a Palestine, les zones bleue, rouge et
b r un e , comme les zones A et B, se trouvèrent toutes entre les ma i ns
des Anglais. Ceux-ci créèrent dans la zone d'influence française A,
c'est-à-dire dans l a Syrie intérieure, l'État arabe, prévu par l'accord
Sykes-Picot et en confièrent la direction à l ' Emi r Faïçal, fils d u Roi d u
Hedjaz Hussein, avec l e que l la Grande-Bretagne était liée par certains
accords remontant à 1915 et dont les troupes avaient c omba t t u à côté
des siennes ( 2 ) . L'Emir Faïçal ne tarda pas à adopter une attitude nette-
insuffisant de nos nationaux en Turquie (8.300 environ en 1913), nous avions su main–
tenir et développer dans l'Empire ottoman un prestige séculaire et sans rival ».
(1)
Comp. l'article très documenté dans
VAsie française
de mars 1920, n« 180, p. 79-92,
intitulé « La nouvelle organisation de l'Empire ottoman ».
(2)
Sur les tractations qui eurent lien en 1915 entre l'Angleterre et le Chérif de la
Mecque Hussein, depuis Roi du Hedjaz, le
Temps
a fait paraître le 18 septembre 1919
une note intitulée «L'Entente et les Arabes», contenant une correspondance dont nous
extrayons les passages suivants :
< En juillet 1915 le Chérif propose sa coopération militaire an gouvernement britanni–
que et demande en échange l'indépendance des Arabes limitée dans un territoire com–
prenant au Nord Mersine et Adana, et limitée ensuite par le 37* degré de latitude jus–
qu'à la frontière persane ; la limite Est devait être la frontière persane jusqu'au golfe de
Bassorah ; au Sud, le territoire devait border l'océan Indien tout en laissant de côté
Aden ; à l'Ouest, enfin, il devait avoir pour limites la mer Ronge et la Méditerranée
jusqu'à Mersine ».
«
Le 21 octobre, sir Henry Mac Mahon (le résident britannique au Caire), sur' l'ordre
de son gouvernement, adressait au Chérif une lettre contenant la Note suivante :
«
Les districts
de
Mersine et d'Alexandrette, et les partie» de la- Syrie situées à KOuest
Fonds A.R.A.M