DEVANT L E PROBLÈME ARMÉNIEN
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l u i attribuaient les accords de 1916 (Palestine, Syrie, Cilicie, le Nord de
la Mésopotamie, Kurdistan), zone modeste en comparaison de la zone
anglaise, mais q u i contenait de grandes richesses économiques en
pas d'abord et surtout sur ces considérations matérielles. La France peut et doit avant
toute autre chose invoquer son action morale
e t
intellectuelle, action dont la démons–
tration la plus éclatante est l'empreinte dont notre culture a marqué
l
'
Orient où, par–
tout, est parlée la langue française.
On sait
c e
que sont nos écoles en Syrie, la région où notre influence était
l a
plus
accentuée. Nous n'y reviendrons pas ici. Mais ailleurs même, à Constantinople, en Armé–
nie et jusqu'en Mésopotamie et aux confins
d e l a
Perse notre enseignement s'était
répandu et dominait, comme
le
moatre d'une manière particulièrement frappante la
possession de la culture française par tant de membres
d
'
une nationalité dispersée et
vivant dans les régions les plus reculées de l'Empire comme les Assyro-Chaldéens.
Ce sont nos écoles et nos œuvres charitables qui ont le plus contribué
à
créer peu
à
peu à la France une situation hors
d e
pair en Orient depuis le moment où
l a
France de
François 1 " entra en relations particulièrement étroites avec la Turquie de Soliman le
Magnifique. Grâce
à
ces établissements, on trouve dans
l
'
Empire ottoman nombre
d'hommes et même de femmes qui parlent le français aussi facilement et aussi ordinai–
rement que leur langue maternelle.
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serait trop long de donner ici une liste de nos œuvres scolaires. Disons seulement,
comme un exemple, qu'à Constantinople même, à la
veille d e l a
guerre, le nombre des
écoles françaises était
d
'
une trentaine, réunissant près de 8.500 élèves ; nos établissements
d'instruction étaient d'autre
part
disséminés sur teus les points de l'Anatolie, occiden–
tale et même orientale : Amassia, Césarée, Sivas, Angora, Koniah, Aïdin, Izmid,
e t
tant
d
'
autres villes encore. I l convient de signaler tout particulièrement ici les vingt-
cinq écoles que nous possédons ou subventionnons â Smyrne
e t
les cinq ou six qui
maintenaient à Brousse notre influence et notre langue. I l est bien entendu que nous
entendons ici par écoles françaises non seulement les établissements religieux
o u
laï–
ques dont le corps enseignant était exclusivement
d
'
origine française, mais aussi nom–
bre d'écoles où notra langue était officiellement enseignée et où nous possédions
u n o u
deux représentants choisis par nos nationaux et exerçant
à
titre de professeurs. Telles
quelles, les écoles françaises,
lato sensu*,
étaient au nombre de 80
à
85
à
Constantinople
et en Anatolie, réunissant près de 24.000 élèves de tout
âge
et
de
toute
confession,
notre action ici comme partout et notamment comme en Syrie restant toujours dégagée
de tout esprit confessionnel.
D'autre part, voici la liste des établissements français d'assistance existant
à
Constanti–
nople :
L'hô;r.tal du gouvernement français, Henry Giffard (11.000 malades en 1911) ;
L'asile
d e
vieillards (250 hospitalisés) ;
L'orphelinat dispensaire des Filles de la Charité
à
Galata ;
L'orphelinat de Tchoucour-Bostan ;
L'hôpital
d e
la Paix, ouvert
à
Chichli après la guerre de Crimée, véritable ville ren–
fermant un hôpital avec 300
maladBS,
un asile
d
'
aliénés renfermant 450 pensionnaires,
un orphelinat, un asile, une crèche et
u n
dispensaire ;
Enfin f hôpital municipal de Constantinople, tenu par des religieuses françaises.
Constantinople comptait, d'autre part, un certain nombre de sociétés françaises de
secours mutuel et
d e
bienfaisance, dont l'action se manifestait en toute occasion de la
manière
l a
plus conforme
à
nos intérêts et
à
nos traditions.
En Anatolie, la France
avait
ouvert des dispensaires
à
Amassia, Tokat, Césarée et
Sivas, ces
d e u x
derniers fréquentés en 1911 et 1912 par plus de 2.000 malades. 'Nous
avions
à
Smyrne un hôpital, un orphelinat et un asile de vieillards,
s a n s
oublier la
cité ouvrière modèle
d e
Montaiiah, gérée par le consulat de France.
C'est grâce
à
tous nos efforts scolaires et
d
'
assistance que, malgré le nombre, hélas !
MANDBLSTAM
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Fonds A.R.A.M