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LÀ SOCIÉTÉ DES NATIONS ET LES PUISSANCES
d ' abo r d son expression dans les résolutions adoptées, le 30 janvier
1919,
par les représentants de l'Amérique, de la France, de la Grande-
Bretagne, de l'Italie e l d u Japon. Ces résolutions déclaraient que , à r a i –
son du mauvais gouvernement exercé par les Turcs sur les peuples sou–
mi s à leur domi na t i on et des récents massacres, l'Arménie, la Syrie, l a
i Mésopotamie, l a Palestine et l'Arabie devaient être complètement sépa–
rées de l'Empire ottoman et placées sous une tutelle exercée au nom de
la Société des Nations (1). Ces résolutions remplaçaient l'exercice d'ïn-
fluences
plus ou moins égoïstes par celui d'une
tutelle
dans l'intérêt même
«
des peuples n o n capables de se diriger eux-mêmes » ; et, ainsi, les
puissances civilisées se rapprochaient de nouveau des traditions de
l'intervention d'humanité. L'Arménie, quoique restée sous l'occupation
t u r q u e , était expressément énumérée p a rm i les pays à mandat.
Les résolutions d u 30 j a n v i e r 1919 doivent être toutefois rapprochées
de l'occupation, pa r l ' I t a l i e , en a v r i l 1919, d'Adalia, occupation q u i
s'étendit plus tard jusqu'à Kon i ah , et d u débarquement des Grecs à
Smyrne, en ma i 1919. L'occupation italienne, d'abord objet de remon–
trances au Conseil suprême, f u i reconnue par l u i le 16 j u i l l e t (2). Quant
à l'occupation grecque de Smyrne, elle eut l i e u sur les ordres directs
d u Conseil suprême de la Conférence de la Paix, en vertu de l'article
1
d e l'armistice de Moudros, donnan t aux Alliés « le droit d'occuper tous
points stratégiques dans le cas où u n étal de choses menaçant pour la
sécurité des Alliés v i end r a i t à se p r odu i r e » (3). A la suite des troubles
graves qu'amena, contrairement aux prévisions, l'occupation grecque,
une Commission interalliée fut chargée d'une enquête sur place. La
Commission proposa le remplacement de l'occupation grecque de
Smyrne par une occupation interalliée ; cependant le Conseil suprême,
dans sa séance du 12 novembre 1919, ma i n t i n t l'occupation grecque, tout
en en relevant le caractère provisoire (4). Dans l'intervalle, l'accord i t a l o -
grec Tittoni-Vénizelos d u 29 j u i l l e t 1919 avait amené une entente entre
la Grèce et l'Italie q u i se désistait de ses droits sur Smyrne, dérivant de
l'accord de Saint-Jean de Maurienne, contre l ' appu i de ses autres reven–
dications en Asie Mineure (5).
(1)
V. le texte de ces résolutions dans le
King-Crane Report on the Near East
publié
dans le journal de New-York
Èditor and Publisher
du 2 décembre 1922, p . X I I . Ces
résolutions reçurent lenr développement-final dans l'article 22 du Pacte de la Société des
Nations que nous avons déjà analysé. V. ci-dessus, p . 66 et suiv.
(2)
Giannini,
La questione orientale,
p. 4.
(3)
V. les déclarations de M. Cecil Harmsworth au nom du gouvernement anglais, le
26
mai 1919, à la Chambre des communes, dans
l'Asie française,
n° 175, p. 222.
(4)
Giannini,
La questione orientale,
p . 6.
(5)
Giannini,
l doeumenti diplomalici
délia Pace orientale,
p . 29. « Le gouverne-
Fonds A.R.A.M