DEVANT LE PROBLÈME ARMÉNIEN
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A i n s i donc, pendant la première moitié de l'année 1919, la Conférence
de la Paix avait établi le principe des mandats pour les territoires
asiatiques de l'ancien Empire ottoman occupés par les troupes anglo-
françaises et pour l'Arménie, et admis, d'autre part, les occupations
grecque et italienne de Smyrne et d'Adalia. Ajoutons qu'en février 1920
la Conférence décida d'attribuer à la Grèce la Thrace (1). Cependant, l a
répartition des mandats et surtout le sort des parties turques de l'ancien
Empire ottoman devaient encore former l'objet de longues négociations
et franchir de nombreuses étapes avant d'aboutir à la solution — p r o v i –
soire elle aussi — d u traité de Sèvres. Les différentes attitudes adoptées
pendant cette période par les Puissances principaleset l'Amérique envers
l'Arménie sont en fonction directe de leur po l i t i que générale envers l a
Tu r qu i e . Nous sommes donc obligés de donner une analyse de cette
politique, analyse q u i sera aussi succincte que possible.
I V
SITUATION P O L I T I Q U E VIS-A-VIS DE LA T U R Q U I E D E S TROIS PRINCIPALES PUISSANCES
ALLIÉES D E P U I S L'ARMISTICE E T JUSQU'AU T R A I T É D E S È V R E S .
A. —
Situation
de
la France.
Un des facteurs les plus considérables d u revirement de l a po l i t i que
des Alliés vis-à-vis de l'Empire o t t oman est sans contredit l'évolution
graduelle du gouvernement français vers u n rapprochement avec l a
Turquie, — cette Tu r qu i e q u i avait participé à la Grande Guerre aux
côtés de l'Allemagne, malgré toutes les offres avantageuses que l u i
avaient faites les Alliés en échange de sa simple neutralité, et qu i avait
ainsi considérablement retardé l a victoire de la France et de ses alliés en
leur causant u n préjudice incalculable. I l est, pa r conséquent, i n d i s –
pensable d'indiquer, en quelques mo t s , les raisons de cette évolution
qui a exercé une si grande influence sur le sort de l a nation arménienne.
I l impo r t e tout d'abord de constater l a primauté, dans l a T u r q u i e
d'avant guerre, des intérêts de la France, aussi bien matériels que
moraux, en comparaison avec ceux de l'Angleterre et de l'Allemagne (2).
ment hellénique maintient les revendications formulées dans le Mémorandum adressé
par M. Vénizïlos le 30 décembre 1918 à la Conférence de la Paix au sujet de l'Asie
Mineure, et le gouvernement italien s'engage à lui prêter tout son appui. De son côté,
la Grèce s'engage à prêter tout son appui aux revendications du gouvernement italien
en Asie Mineure » (point 4, § 2, de l'accord Tittoni-Vénixelos).
(1)
Comp, Giannini,
La questione orientale,
p. 7.
(2)
Voici le tableau représentant à la veille de la guerre la répartition des capitaux
Fonds A.R.A.M