DEVANT L E PROBLÈME ARMÉNIEN
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En vertu de cet accord, l a France se voyait donc attribuer le d r o i t à
une admi n i s t r a t i on directe de l a Syrie côtière, a i ns i que de la Cilicie et
des territoires à l'Est englobant les villes d'Adana, Mersine, Marach,
Aïntab, Ourfa et Diarbékir
(
zone bleue),
et l'Angleterre, le même d r o i t
dans une
zone rouge
formée de la base Mésopotamie (Bagdad et Bas-
sora). D'autre part, chacune des deux puissances recevait une seconde
zone où elle pouvait exercer son influence sur les Etats locaux arabes :
la France, dans la Syrie intérieure (comprenant les v i l l e s d'Alep, Hama,
Homs et Damas) et une partie de l a haute Mésopotamie avec Mossoul
(
zone A) ; l'Angleterre, dans le territoire compris entre une ligne Kaïffa-
T e k r i t , au Nord, et une ligne Akaba-Kouveil, au Sud (zone B). Enfin
une admi n i s t r a t i on internationale était réservée à la Palestine (zone
brune).
Préalablement à la sanction que l u i donnèrent M. Cambon et sir
Edward Grey, l'accord Sykes-Picot avait été communiqué au gouverne–
ment russe. Le 4/17 mars 1916, ce gouvernement fît connaître, par des
aide-mémoires adressés aux ambassadeurs de France et d'Angleterre à
Pétrograd, que le consentement de la Russie était lié à l'exécution des
accords l u i attribuant Constantinople et les Détroits. Et, peu après,
l'adhésion définitive du gouvernement russe s'effectua par la voie d ' un
échange de lettres entre M. Sazonow, mi n i s t r e des affaires étrangères de
Russie, et M. Paléologue, ambassadeur de la République française à
Pétrograd, le 13/26 a v r i l 1916. En vertu de ces documents, la Russie
annexait les régions d'Erzeroum, de Trébizonde, de Var\ et de Bitlis et
une région du Ku r d i s t an située au Sud de Van et de Bitlis ; en revanche,
la Russie consentait à u n agrandissement de la part française; en effet,
elle reconnaissait à la France la propriété d u territoire compris entre
l'Ala Dagh, Cesaréh, l ' Ak Dagh, l'Yildiz Dagh, Zara, Eghin et Kh a r -
pout (1).
(1)
Voici le texte de la Note de M. Sazonow do 13/26 avril 1916, n» 280-B*.
Pétrograd, le 13/26 avril 1916.
«
M. Sazonow, ministre des affaires étrangères de Russie,
à M. Paléologue, ambassadeur de la République française à Pétrograd.
«
En me référant aux aide-mémoires adressés par le ministère impérial des affaires
étrangères à l'ambassade de France en date du 4/17 et 8/21 mars a. c , j ' a i l'honneur de
faire connaître à V. Exe. qu'à la suite des entretiens que j'ai eus avec M. Georges Picot,
délégué spécial du gouvernement français, relativement à la reconnaissance de l'accord
qui serait établi entre la France et l'Angleterre pour la constitution d'un État ou d'une
Fédération d'Élats arabes et l'attribution des territoires de la Syrie, de la Ciiicie et de la
Mésopotamie, le gouvernement impérial est prêt à sanctionner l'arrangement établi sur
les bases qui lui ont été indiquées aux conditions suivantes :
« 1*
La Russie annexerait les régions d'Erzeroum, de Trébizonde, de Van et de Bitlis,
Fonds A.R.A.M