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L A SOCIÉTÉ DES NATIONS ET LES PUISSANCES
des droits et dès intérêts qu i ont fait l'objet d'une convention franco-
britannique » (1).
Le Pacte suivant dans celte série de traités distributeurs de parts o u
d'influences dans les territoires qu i étaient ottomans avant la guerre est
le fameux accord Sykes-Picol, sanctionné par un échange de lettres
entre M. Paul Cambon, ambassadeur de France à Londres (9 mai 1916), et
sir Edward Grey, secrétaire d'Étal britannique aux affaires étrangères
(15
et 16mai 1916) (â). Cet accord régla, entre les deux puissances, le sort
futur de la Mésopotamie, de la Palestine et de la Syrie avec la Gilicie.
Voici ce qu'on l i t entre autres choses dans la lettre de M. Paul Cambon
d u 9 ma i :
I l demeure donc entendu que :
1
° La France et l a Grande-Bretagne sont disposées à reconnaître et à protéger
u n État arabe indépendant ou une Confédération d'États arabes dans les zones
A et B indiquées sur l a carte ci-jointe, sous la suzeraineté d'un chef arabe. Dans
la zone A, la France, et, dans la zone B, la Grande-Bretagne auront un droit de
priorité sur les entreprises et les emprunts locaux. Dans la zone A, l a France,
et, dans l a zone B, l a Grande-Bretagne auront seules à fournir des conseillers ou
des fonctionnaires étrangers à la demande de l'État arabe ou de la Confédération
d'États arabes.
2*
Dans l a zone bleue l a France, et, dans l a zone rouge, l a Grande-Bretagne
seront autorisées à établir telle a dm i n i s t r a t i o n directe ou indirecte ou tel con–
trôle qu'elles désirent et qu'elles j u g e r o n t convenable d'établir après entente avec
l'État ou la Confédération d'États arabes.
3
° Dans la zone brune sera établie une administration internationale dont l a
forme devra être décidée... d'aceord avec les autres Alliés et les représentants
du Ghérif de l a Mecque ( 3 ) .
(1)
Art. 9 du Pacte de Londres du 26 avril 1915 :
«
D'une manière générale, la France, la Gran le-Bretagne et la Russie reconnaissent
que l'Italie est intéressée au maintien de l'équilibre dans la Méditerranée et qu'elle devra,
en cas de partage total ou partiel de la Turquie d'Asie, obtenir une part équitable dans
la région méditerranéenne avoisinant la province d'Alalie où l'Italie a déjà acquis des
droits et des intérêts qui ont fait l'objet d'une convention italo-britannique. La zone qui
sera éventuellement attribuée à l'Italie sera limitée, le moment venu, en tenant compte
des intérêts existants de la France et de la Grande-Bretagne.
«
Les intérêts de l'Italie seront également pris en considération dans le cas où l'inté–
grité territoriale de l'Empire ottoman serait maintenue et où des modifications seraient
faites aux zones d'intérêt des Puissances.
«
Si la France, la Grande-Bretagne et la Russie occupent les territoires de la Turquie
d'Asie pendant la durée de la guerre, la région méditerranéenne avoisinant la province
d'Adalia dans les limites ci-dessus sera réservée à l'Italie qui aura le droit de l'occuper »
(/
documenti diplomalici délia pace orientale,
par Amedeo Giannini, Rome, 1922, p. 7).
(2)
V. le teite de ces lettres dans
l'Asie française,
août-novembre 1919, n* 176, p. 213-
249.
(3)
La réponse de sir Edward Grey, du 16 mai, reproduit, en anglais, les termes de la
lettre de M. Paul Cambon.
Fonds A.R.A.M