DEVANT L E PROBLÈME ARMÉNIEN
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Si l e sable mouvant des relations russo-torques de 1919 à 1921 a eng l ou t i
l'indépendance arménienne, c'est que la politique des Alliés ne put, à
temps, se rendre compte n i du degré de la haine commune de l'Occident
q u i a l imen t a i t l'étrange alliance de Moscou et d'Angora, n i de la néces–
sité de combattre simultanément les deux co-associés au lieu de les
ménager successivement ; c'est aussi que cette po l i t i que ne sut discerner
le rôle qu'aurait pu jouer, dans l'intérêt de la paix mond i a l e , u n État
arménien fort, au j ou r d ' hu i tampon utile entre le Bolchévisme et le Kéma–
l i sme , demain barrière naturelle aux visées dangereuses en Asie d ' un
pantouranisme m i l i t a n t .
I I I
L
E S A C C O B D S S E C R E T S INTERALLIÉS SUR LA
T
URQUIE E T L E D R MODIFICATION
PENDANT LA CONFÉRENCE D E LA P A I X .
La pénétration économique de la Tu r qu i e au moyen .de concessions
commerciales ou industrielles, qu'avant 1914 avaient déjà pratiquée pres–
que toutes les Grandes Puissances, a fait, pendant la Grande Guerre,
l'objet de toute une série d'accords interalliés visant
à
partager l'État
ottoman, amputé de ses parties non-turques, en diverses zones d ' i n –
fluence réservées respectivement à la France, à l'Angleterre, à l'Italie et à
la Russie. Le trait d i s l i n c l i f de ces accords est qu'ils comportent, pour
chaque puissance, dans sa zone d'influence respective, non seulement
un droit préférentiel à l ' e xp l o i t a t i on économique, mais également un
droit
à
l'administration directe ou indirecte.
Ces accords furent, en mars 1915, précédés par un échange de Mémoi–
res, entre les gouvernements russe, français et anglais, garantissant à
la Russie, comme résultat de l a guerre, la réunion, sous certaines con–
ditions, des territoires suivants : la ville de Constantinople ; la rive Ouest
d u Bosphore, de la me r de Marmara e t des Dardanelles ; l a Thrace d u .
Sud jusqu'à la ligne Enos-Midia ; les rives de l'Asie Mineure entre le
Bosphore, le fleuve Sakaria et certains points d u golfe d ' I smi d , à déter–
mi ne r ultérieurement ; les îles de la mer de Marmara et les lies Imbros
et Ténédos (1).
Le premier des accords interalliés relatifs
à
la Tu r qu i e est le Pacte de
Londres du 26 a v r i l 1915. Ce Pacte définit les conditions de l'entrée en
guerre de l'Italie. I l garantit
à
cette puissance, « en cas de partage total
ou partiel de la Tu r qu i e d'Asie », « une part équitable dans la région
méditerranéenne avoisinanl la province d'Adalia où l'Italie a déjà acquis
(1)
Mémorandum de M. Sazoto-w du 19 févr.er/4 mars 1915 ; Mémoire de l'ambassa–
deur de France à Pélrograd du 23 Iéviier/8 mars 1910; Mémorandum du gouvernement
anglais du 27 février/12 irars 1915 ; réponse du gouvernement russe'du 7/20 mars 1915,
Fonds A.R.A.M