DEVANT L E PROBLÈME ARMÉNIEN
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Dans l'Azerbeïdjan d u Caucase, encore plus que dans le Tu r k e s t a n ,
les Bolcheviks se trouvèrent en face de l'idée pantouranienne qu ' i l s e n –
tendaient exploiter à leur profit, ruais q u i se tournait souvent contre eux-
mêmes. La République talare de l'Azerbeïdjan, occupée par les Anglais
après 1'armislice de Moudros (1), était, malgré cette occupation (2), deve–
nue u n État vassal de la Tu r qu i e , à laquelle la liait une c onv en t i on m i l i –
taire secrète, conclue en 1919. Après l a défaite de Dénikine et le départ
installé à Tachkent et doté d'un Comité exécutif et d'un Conseil de Commissaires du
Peuple ; mais le pouvoir effectif y fut bientôt concentré dans les mains d'une « Commis–
sion pour les affaires du Turkestan », dont les membres sont nommés par le gouverne–
ment de Moscou et dont le Président a le droit
de veto
sur toutes les affaires émanant
du Comité exécutif ou du Conseil des Commissaires (Le
Bolchévisme et l'Islam,
t , I ,
p . 233-24iS). Le régime bolchéviste a cependant provoqué un profond mouvement insur–
rectionnel dans le pays, celui des
basmatetii,
bandes guerroyant avec les troupes rouges.
Cette lutte qui dévaste le Turkestan n'est pas encore terminée.
Dans le Khanat de Khiva (ou Khorezm), la propagande bolchéviste se fit sentir dès que
les Bolcheviks se furent installés dans le Turkestan. En juin 1919, les Révolutionnaires Khi-
viens, aidés des Communistes russes,proclamèrent la République du Khorezm et conclurent
avec elle un traité d'alliance le 13 septembre 1920. L'article 1 " de ce traité porte: Partant
du principe proclamé par la Russie soviétique sur le droit des peuples à s'administrer eux-
mêmes et sur le refus de continuer la politique coloniale des anciens gouvernements de Russie
qui exploitaient et oppressaient l'ancien Khanat de Khiva et son peuple, le gouvernement
soviétique de Russie reconnaît sans restriction l'autonomie et l'indépendance complètes de
la République soviétique du peuple de Khorezmie avec toutes les obligations qui en dé-
cpulent. Au nom des principes qui animent les travailleurs de Russie, le gouvernement de
Moscou renonce pour toujours à tous les droit» que s'étaient octroyés les anciens gouver–
nements russes dans la République du Khorezm
(
Le Bolchévisme et l'Islam,
1.1,
p."203-216).
Ce traité n'empêcha pas l'intervention continuelle des Soviets dans les affaires du Khorezm
(
sur les intrigues des Bolcheviks exploitant les rivalités, entre les deux races du pays - les
Uzbeks et les Turkmènes, v. l'article de M.
Tchokaretv,
dans le n» du 5 Mars 1924 des
"
Dernières Nouvelles "
russes de Paris).
L'action du Bolchévisme sur la Boukharie fut également dirigée de Tachkent, capitale
du Turkestan. Les Bolcheviks commencèrent par prêter leur assistance au parti révolution–
naire « Jeune-boukhare ». A u commencement de l'année 1918, le gouvernement bol–
chéviste de Tachkent envoya des troupes contre le gouvernement de l'Emir, mais ne
réussit qu'à provoquer un massacre des Russes et des Jeunes-boukhares et, par crainte
d'un soulèvement général dans tout le Turkestan, dut conclure la paix avec i'Ernir,
reconnaissant l'indépendance de la Boukharie (20 mars 1918). Ce n'est que le 2 septem–
bre 1920 que les troupes des Soviets aidés des Révolutionnaires boukbares s'emparaient
de Boukhara. L'Emir se réfugia dans l'Afghanistan, et un premier Congrès des Soviets
boukhares se réunit. Mais, de fait, le pays, occupé par des troupes soviétiques, perdit
toute indépendance. Le second Congrès des Soviets boukhares, qui se réunit le 25 sep–
tembre 1921, élabora bien une Constitution et organisa un gouvernement. Mais ce
simulacre n'empêcha pas des révoltes continuelles des populations boukhares contre le
gouvernement soviétique. Ce n'est qu'en 1922, après la défaite d'Enver Pacha, qui s'était
mis à la tête des insurgés, que cette insurrection sembla réprimée
(
Le Bolchévisme et
l'Islam,
t . 1, p. 217-232).
(1)
Comp. ci-dessus, p. 55-56.
(2)
Sur l'attitude des Anglais à Bakou nettement favorable aux Tatares, comp. La
Chesnais,
Les Peuples de la Transcaucasie,
p. 114 et suiv.
Fonds A.R.A.M