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LA SOCIÉTÉ DES NATIONS ET LES PUISSANCES
opposé par la Société à la demande d'admission de l'Arménie a privé ce
malheureux pays de sa dernière chance de salut. A i ns i donc, une
Société, créée pour « faire régner la justice » sur terre, a offert au
monde l'affligeant spectacle d'une Assemblée presque mondiale p r o c l a –
ma n t son impu i s s anc e devant les actes de violence d u nationalisme
turc. Et, cependant, ce t aveu d'impuissance ne reflète pas exactement
la réalité. Certes, en tant q u ' i l s'agit d'une action mil itair e commune, l a
faiblesse de la Société est un triste fait. Mais le Pacte a tout de même
mis entre les mains des membres de la Société la merveilleuse arme de
la pression économique, et ils ont reculé devant l'éventualité même
d'avoir à se servir de cette arme. On est dès lors obligé de constater
que, dans la question arménienne, la première Assemblée s'est écartée
considérablement de l'esprit généreux d u Pacte de la Société des
Nations.
Fonds A.R.A.M