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L A SOCIÉTÉ D E SNATIONS ET LES PUISSANCES
admission aux organisations techniques une moquerie : * Offrir à l'Ar–
ménie à l'heure actuelle le d r o i t de participer à la présente organisation,
c'est l u i offrir non seulement peu de choses, mais moins que rien » .
Ces paroles furent applaudies et la question, renvoyée à la 5' Commi s –
s i o n , ne r e v i n t pas devant l'Assemblée (1).
I l nous reste encore
k
examiner le rôle que jouèrent, dans la n o n -
admission des nouveaux États séparés de l'ancien Empire russe, les
considérations se rattachant non pas aux risques à c ou r i r dans une
guerre avec les Soviets, ma i s à l'intérêt permanent de la nation russe
absente.
Ce rôle nous semble avoir été pu r emen t subsidiaire. La 5
e
Com–
mi s s i on de l'Assemblée pa r a i t , i l est vrai, avoir envisagé, à u n certain
mome n t , le problème russe dans son ensemble, a L o r s qu ' i l s'est ag i
des États balles, a dit M. V i v i an i à la 25
e
séance plénière du 15 décem–
b r e , nous avons v o u l u les écarter non seulement, selon l'heureuse
f o rmu l e de l o r d Robert Cecil, parce qu'ils avaient des troubles sur l eu r s
frontières, que l'article 10 était dangereux à manier et que nous ne p o u –
vions pas l eu r faire une promesse que peut-être nous ne pou r r i ons pas
tenir, mais aussi, et c'est mo i q u i l ' a i d i t , parce q u ' i l pouvait paraître
dangereux de trancher d ' un seul coup par espèces et par cas i n d i v i –
duels le problème russe q u i doit rester dans son unité » (2). On ne v o i t
cependant pas ce mo t i f figurer dans le r appo r t delà 5* Commission, et
la discussion en séance plénière, nous l'avons d i t , était empreinte n o n
pas du souci de ménager les intérêts de la Russie comme na t i on , ma i s
de celui d'éviter les risques d'une défense éventuelle des candidats
contre une agression des Soviets. La suite des événements est venue
entièrement à l ' appu i de cette interprétation. En effet, dans l ' i n t e r v a l l e
entre la session de 1920 et celle de 1921, l'Esthonie et l a Lettonie ont
été reconnues
de jure
par le Conseil suprême et par un g r and nomb r e
de puissances, l a Lithuanie par certaines d'entre elles ; et, au cours de
la session de 1921, l'Assemblée de la Société vota l'admission des trois
États balles. Or, la situation de l a na t i on russe, toujours courbée sous
l e j o u g bolcheviste, n'avait subi aucun changement notable de 1920 à
1921.
On est donc forcé de conclure que l'autre mo t i f q u i avait empê–
ché l'admission des trois États en 1920— la crainte des risques q u ' a u –
r a i t entraînés l eu r défense contre les Bolcheviks — avait d i s pa r u dans
l'esprit des membres de la Société pour des raisons don t nous n'avons
pas i c i à apprécier l a solidité. I l est ainsi évident que le véritable mo t i f
(1)
Actes de la première Assemblée,
26»
et 27* séances plénières, p. 589-590 et 634.
(2) 25-
séance, p . 574.
Fonds A.R.A.M