DEVANT LE PROBLÈME ARMÉNIEN
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délimitées. Bref, les conditions sont telles que, malgré notre désir de
recommander
l
'
admission de l'Arménie dans la Société, nous n'avons
pas
pu
le faire ». Le D
r
Nansen évoqua également la non-ratification d u
traité de Sèvres, en e x p r iman t l'avis qu'après cette ratification la ques–
tion se poserait si l'Arménie n'était pas de plein d r o i t memb r e de l a
Société (1). Mais, d'autre part, le D' Nansen sembla aussi trouver u n
bon côté à la non-admission de l'Arménie, puisqu'elle permettait de
revenir au mandat. « Si l'Arménie est acceptée comme memb r e de la
Société des Nations, d i t - i l , on ne pourra plus trouver une puissance
mandataire, car on ne peut donner à u n membre de la Société u n ma n –
dat sur un autre membre ».
L'Assemblée de la Société des Nations adopta le p o i n t de
vue
de l a
Commission. Sur 29 États qu i p r i r e n t part au vote sur la demande d'ad–
mission de l'Arménie, 21 États répondirent par u n
non
et 8 seulement
par un
oui
(
Canada, Pérou, Portugal, Roumanie, Salvador, Suisse, U r u –
guay,
Venezuela)
; 13
s'abstinrent ou étaient absents (2). Mais, en même
temps, l'Assemblée, désireuse de marquer sa sympathie pour l'Arménie
et son espérance de pouvoir l'accueillir dans son sein dans le plus bref dé–
l a i , vota le vœu suivant, présenté par le délégué d u Canada, M. Rowe l l :
«
L'Assemblée e x p r i me le v i f espoir que les efforts du Président des Etats-Unis,
appuyés avec énergie par les gouvernements de l'Espagne et d u Brésil, ainsi
que par le Conseil de la Société, réussiront a sauver le peuple arménien et à
assurer à l'Arménie un gouvernement stable, exerçant l'autorité sur toute l'éten–
due de l'État et dans les limites de ses frontières telles qu'elles pourront être
fixées définitivement en vertu du traité de paix, de manière que l'Assemblée
puisse admettre dans sa prochaine session l'Arménie comme membre de la
Société avec la plénitude des droits que cette admission confère » (3).
H fut aussi question d'offrir à l'Arménie de participer, à l'instar des
trois États baltes et de la Géorgie, aux organisations
techniques
de la
Société. Mais plusieurs membres s'y opposèrent. A i n s i M. Barnes se
demanda si une pareille résolution n'était pas un « malhonnête étalage »
destiné à libérer les consciences. De son côté, l o r d Robert Cecil e x p r ima
la crainte que le malheureux peuple arménien ne vit dans une pareille
(1)
Cette supposition nous semble d'ailleurs manquer de base juridique, puisque
l'Annexe au Pacte énumère les membres originaires de la Société et les États invités
à accéder au Pacte, et que l'Arménie ne figure ni parmi les premiers, n i parmi les
seconds. L'Arménie ne saurait donc devenir membre de la Société qu'en vertu du
paragraphe 2 de l'article 1 du Pacte, si son admission est prononcée par les deux tiers
de l'Assemblée.
(2)
Actes de la première Assemblée,
26"
séance plénière, p. 589.
(3
j
lbid.,
p . 593-5»*.
Fonds A.R.A.M