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LA SOCIÉTÉ DES NATIONS ET LES PUISSANCES
de la Société des Nations d'accourir avec l'article 10 au secours de tous
ces États. Car sinon, la Société des Nations, qu i venait d'être créée,
q u i venait d'établir sa banque, ferait faillite avant d'ouvrir sa grande
porte » ( 1 ) .
Ce point de vue, plus large et plus libéral, eut l ' appu i d'une grande»
Puissance, l'Italie, dont le représentant, M. Schanzer, affirma la convic–
tion « que, a u f ur et à mesure que la Société comprendrait u n plus g r and
nombre d'États, celle-ci pourrait mieux accomplir son œuvre de solida–
rité et de collaboration entre les peuples » .
Cependant, mise aux voix, la demande d'admission de l'Esthonie, de
l a L i t huan i e et de Lettonie ne fut pas adoptée (2).
L'admission de'la Géorgie fut défendue avec beaucoup de chaleur par
le D
r
Nansen et l o r d Robert Cecil (Afrique du Sud), tous les deux voyant
pour l a Géorgie, pays ne coupant pas l a Russie de la. mer, très peu de
risques de se trouver dans l'obligation de demander l'application de
l'article 10, et proposant, en même temps, de faire de ce pays un r em–
part contre le Bolehevisme. Le réprésentant de l a Grande-Bretagne,
M. Fisher, ne trouvait pas, au contraire, q u ' i l y avait des raisons sérieu–
ses pour faire une différence entre le cas de la Géorgie et celui des pays
baltiques..Dans ces conditions, i l imp o r t a i t , d'après l u i , de traiter sérieu–
sement le Pacte et de ne pas c ou r i r des risques, n i de prendre des
engagements q u ' i l serait impossible de r emp l i r .
L'admission de la Géorgie f u t finalement rejetée comme celle des
États baltes (3).
Mais u n vœu fut adopté pa r l'Assemblée en faveur de la p a r t i c i p a –
tion des quatre États aux organisations techniques de la Société des
Nation
:•
(4).
L'Arménie subit à l'Assemblée le sort que la Commission avait préparé
pour les autres nouveaux États de son groupe, les trois États balles et
la Géorgie.
A la 26
e
séance plénière de l'Assemblée d u 16 décembre, le rappor–
teur, M. le D
r
Nansen, déclara : « La Commission a été unanime dans son
désir de donner une réponse affirmative à la demande de l'Arménie,
mais de très grandes difficultés s'opposent à cette admission. La s i t ua –
tion de l'Arménie est au j ou r d ' hu i particulièrement pénible. Une grande
partie de son territoire est occupée parles armées ennemies, le gouver–
nement n'est pas tout à fait stable, ses frontières ne sont pas encore
(1)
Actes de la première Assemblée,
27*
séance plénière, p. 629.
(2)
lbid.,
p . (27 et 630.
(3)
lbid.,
p. 633.
(4)
lbid.,
p. «34.
Fonds A.R.A.M