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LA. SOCIÉTÉ DES NATIONS ET LES PUISSANCES
actuelles, accepter la responsabilité de les g a r an t i r et de les faire res–
pecter » (1).
La publicité donnée au télégramme des trois ministres ne laissa pas
de produire u n certain émoi dans l'Assemblée de la Société, certains de
ses membres ayant c r u y découvrir une attitude de suprématie de la
part des principales Puissances qu i semblaient v ou l o i r influencer les
autres États (2). I l faut cependant supposer que les faits q u i avaient
motivé l'envoi d u fameux télégramme des trois' puissances agirent à
l eu r tour sur la Commission. Car celle-ci, malgré les résultats satisfai–
sants auxquels avait abou t i l'examen de la sous-Commission, conclut
au rejet de la demande de l'Arménie!
Le 4 décembre, a u cours de l a discussion a u sein de la Commission,
l o r d Robert Cecil fit une proposition c ommune au cas des États cauca–
siens (Arménie, Géorgie) et à celui des États baltes (Esthonie, Lettonie,
Lithuanie). Le noble l o r d souligna « le péril q u ' i l p ou r r a i t y avoir.à
opposer un refus à la demande de ces États en raison des efforts que
ceux-ci n'avaient cessé de faire pour acquérir une véritable stabilité » .
I l estimait « que la vulgaire prudence commandait de leur assurer u n
a p pu i ». Mais l o r d Robert reconnaissait en même temps que « la p r i n –
cipale objection, d on t la gravité était incontestable, était le voisinage
de ces États avec un pays en proie à l'anarchie et sur lequel la Société
des Nations ne pouvait exercer n i pression morale, n i pression écono–
m i q u e , n i pression m i l i t a i r e ». I l proposa en conséquence au vote de
l a Commission la mo t i on suivante :
«
Considérant que ces États ont à leurs frontières des peuples en
proie à l'anarchie et réfractaires à l'influence de l a Société des Nations,
l'Assemblée déclare que ces circonstances déchargeraient les Membres
de la Société des obligations résultant pour eux de l'article 10 d u Pacte.
Sous cette réserve, l'Assemblée admet l'Esthonie, l a Lettonie, la L i t hua –
nie, la Géorgie et l'Arménie dans la Société des Nations » (3).
(1)
Le texte de ce télégramme a.été publié par le
Temps
dans sou numéro du 6 dé–
cembre 1920.
(2)
Ainsi lord Robert Cecil déclara, le 4 décembre, à la cinquième Commission qu'il
avait été < très défavorablement impressionné par certaine déclaration reproduite dans
les journaux selon laquelle certaines Puissances semblaient avoir l'intention de dicter
sa conduite à la Société des Nations »
(
Actes de la première Assemblée,
Séances des
Commissions de la première Assemblée, t. I I , p. 190). M. Rowell (Canada) dit, au sujet
de la même publication, te 9 décembre, que l'Assemblée n'avait « à recevoir d'ordres
ni de Londres, n i de Rome, ni de Paris, n i d'ailleurs » et que * les gouvernements
n'avaient d'autre moyen de faire la déclaration sur les sujets discutés à l'Assemblée
que par l'intermédiaire de leur représentant au sein de l'Assemblée ». M . Nansen
(
Norvège) appuya M. Rowell
(
Actes de la première Assemblée,
Séances des Commis–
sions, t . I I , p. 198).
(3)
Actes delà première Assemblée,
Séances des Commissions, t . I I , p. 1S6.
Fonds A.R.A.M