DEVANT L E PROBLÈME ARMÉNIEN
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de l'invasion t u r qu e , à l'exception de la province de Zanghezour où se
réfugiait le gouvernement na t i ona l arménien avec les débris de l'armée.
D'autre part, dans les provinces occupées par les Turcs, l a popu l a t i on
masculine arménienne de 15 à 57 ans, qu i n'avait pas été massacrée, fut
expédiée au fond de la Tu r q u i e , tout le bétail enlevé, les stocks de r a v i –
taillement réquisitionnés, les moissons anéanties : dans la seule région
de Kars.le nomb r e des massacrés dépassa plusieurs mi l l i e r s et 63 villages
d u district d'Alexandropol furent réduits en cendres (1). De leur côté,
les Bolcheviks, tout en installant une République soviétique arménienne,
soi-disant indépendante, pillaient la popu l a t i on , réquisitionnaient les
stocks d u Comité de secours américain, arrêtaient et envoyaient en
Russie 1.500 officiers arméniens, emprisonnaient 2.500 intellectuels,
dont beaucoup furent exécutés (2).
En même t emps , dans ces premières journées de décembre éclatait la
crise grecque, provoquée par la chute de M. Vénizelos, événement q u i
sembla rendre douteuse la ratification d u traité de Sèvres par les pu i s –
sances elles-mêmes. Et, suprême ironie d u sort, le Président W i l s o n
rendait enfin'sa sentence, depuis s i longtemps attendue, par laquelle
i l adjugeait à l'Arménie disparue la majeure partie des vilayets de Van»
de Bitlis et d'Erzeroum, ainsi qu'une po r t i on de celui de Trébizonde avec
une issue à l a mer I
Sousje coup de tous ces événements, les gouvernements de France,
de Grande-Bretagne et d ' I t a l i e , dont les ministres conféraient en ce
moment à Londres, envoyèrent à leurs représentants à la Société des
Nations le.télégramme s u i v a i t , nettement défavorable à l'admission de
l'Arménie :
«
Les représentants des trois gouvernements français, i t a l i e n et
anglais, réunis à L ond r e s , après avoir examiné la question soulevée à
Genève au sujet de l'admission de l'Arménie, sont arrivés à la conclusion
unan ime q u ' i l est impossible de faire d r o i t actuellement à la demande
de l'Arménie. Le traité de Sèvres q u i a constitué l'Arménie en État
indépendant n'est pas encore ratifié. En ou t r e , les frontières de l'Armé–
nie, telles qu'elles viennent d'être définies par le Président W i l s o n , en
réponse à l'offre d'arbitrage que les Puissances l u i avaient faite à cet
égard, présentent une extension telle que les Puissances participant à
la Société des Nations pou r r a i en t difficilement, dans les conditions
(1)
Faits signalés dans les rapports du Comité américain de secours,
Near East Relief
Committee.
(
S) Bureau d'information de la Délégation de la République arménienne, n« 1,16 sep–
tembre 1981.
Fonds A.R.A.M