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L A SOCIÉTÉ DES NATIONS E T L E S PUISSANCES
Le
Journal de la Première Assemblée de laSociété des Nations
annonça
même, à la date d u 3 décembre, que * la sous-Commission q u i s'occupait
de l'Arménie s'était prononcée unan imeme n t en faveur de l ' admi s s i on
de ce pays dans la Société » (1).
Malheureusement, pendant que se débattait l'admission de l'Arménie
a u sein de la Société des Nations, des événements se passaient dans ce
pays q u i changèrent complètement les dispositions à son égard des
membres de l'Assemblée.
Tout d'abord, le 2 décembre 1920, le gouvernement d ' Er i v an , à b ou t
de forces, signait avec celui d'Angora le traité de paix d ' A l e x a nd r o p o l .
Et ce traité réduisait le territoire de la République de 60.000 kilomètres
carrés à 20.000
en attribuant à la Turquie le protectorat
sur
les
provincesCharour
et de Nakhitchevan et en soumettant l e sort de celles de Kars et de
Sourmalou à u n plébiscite, dans une période de trois ans ; i l l i m i t a i t en
outre les forces de l a République à 1.500 hommes et impo s a i t à l'Armé–
nie la renonciation au traité de Sèvres. Par une curieuse coïncidence,
ce traité de violence était^signé le j o u r même (2 décembre) où l ' As s em–
blée de l a Société des Nations acclamait la nouvelle de l a triple média–
tion de l'Espagne, d u Brésil et d u Président Wi l s on en vue de me t t r e
un terme aux hostilités entre l'Arménie et les Kémalistes.
Mais l e passage par les fourches caudines des Turcs n'avait n u l –
lement mi s u n terme aux infortunes de l'Arménie. Le 6 décembre,
les troupes soviétistes occupèrent Er i v an et les territoires restés l i b r e s
mai 1920, a une superficie de 70.551 kilomètres carrés (26.130 milles carrés).
E n supposant que les vilayets de Van, Bitlis, Erzeroum et une partie de Trébizonde
soient accordés à l'Arménie, le territoire pourrait éventuellement atteindre 214,000 kilo-
mitres carrés (80.000 milles carrés).
Population.
Les statistiques russes de 1917 évaluent le nombre des habitants de
la République (telle qu'elle a été constituée en mai 1920) à 2.159.000. Mais on ne peut
accorder qu'une confiance toute relative aux statistiques sur l'Arménie, car elles ne
tiennent pas compte des morts survenues au cours des événements récents ni du
retour des émigrants partis à l'étranger.
Attitude à l'égard des obligations internationales.
L'attitude du gouvernement
arménien dans ses rapports internationaux inspire une confiance toute particulière dans
son désir de respecter la parole donnée.
Reconnaissance par d'autres États. —
L'Arménie est une puissance signataire du
traité de Sèvres. Sa Délégation «stime que ce fait implique qu'elle a été reconnue en
droit par tous les autres signataires.
Selon les renseignements qui sont parvenus au Secrétariat,
à
titre officieux, le gou–
vernement des États-Unis et de la République Argentine ont également reconnu ï'àr-
lénie.
Le pays a d'abondantes ressources minérales et son avenir industriel est riche de
f u k j a w «
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l
la
première
Ass mblée,
Séance, d Commissions, t I I , p. 218.
(
i)
Journal de la première Assemblé, de la Société des
n« 17, 3 décembre
1820,
p. 139.
Fonds A.R.A.M