DEVANT L E PROBLÈME ARMÉNIEN
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gouvernements de se mettre en rapport pour convenir d'une collabora–
tion
(
i
décembre 1920) (1).
Mais, vers la fin de la session, l'Assemblée de l a Société se v i t saisir
d'une proposition plus réelle tendant à venir en aide à l'Arménie, Cette
proposition venait de la Roumanie. Le 17 décembre, M. Jonnesco f i t ,
en effet, au nom d u gouvernement r o uma i n , l a proposition su i v an t e :
«
Afin d'apporter un secours réel et rapide au peuple arménien qui sa meurt,
la Roumanie propose aux Nations assemblées à Genève la constitua va d'an corps
expéditionnaire international q u i se chargerait de rétablir l'ordre et l a t r a n –
quillité en Arménie.
«
Ce corps i n t e r n a t i o n a l , placé sous le commandement direct du Grand État-
major interallié, pourrait constituer une force de 40.000 hommes composée de
détachements de tous les pays, qu i forment la belle Société des Nations, propor–
tionnellement à leur population.
«
La Roumanie se déclare prête, dès ce mome n t , à intervenir dans ce bu t
avec ses hommes, son matériel et son argent » (2).
Cette proposition d'intervention armée ne fut malheureusement pas
agréée par l'Assemblée. Le rapporteur de la Commission de l'Arménie, à
laquelle elle avait été renvoyée, M. Lafontaine, « exprima l'espoir qu'elle
rencontrerait éventuellement u n appu i énergique de toutes les p u i s –
sances du monde », mais « ne la recommanda pas à la Société ». « En
attendant, d i t - i l , les difficultés sont telles que nous devons tâcher de ne
pas recourir à la force. Nous sommes une puissance de paix et ce serait
une grande victoire pour nous et u n honneur pour la Société des
Nations de sauver l'Arménie sans répandre de sang ». C'est vainement
que le représentant delà Roumanie insista sur le côté précis et pratique
de sa p r opo s i t i on . En vain i l rappela « les larmes q u i coulaient dans
celte salle i l y a u n mo i s et les cœurs q u i se donnaient à l'Arménie » .
I l dut constater avec mélancolie que « maintenant i l n ' y avait plus n i
l ' un n i l'autre ».
Ht.
V i v i an i observa que l'Assemblée « n'avait pas
mandat d'accepter la formation d'une armée de 40.000 hommes » et
que, d'ailleurs, ia p r opo s i t i on r ouma i ne aurait dû être présentée u n
mois auparavant. M. Lafontaine, de son côté, répliqua que la Commis–
sion était arrivée à la conclusion que « l ' envo i d'une expédition m i l i –
taire en Arménie présentait de nombreuses difficultés, que c'était une
question q u i devait être examinée de très près et soumise à des hommes
compétents » et q u ' i l « faudrait d'ailleurs obtenir l a collaboration de
(
t)
Journal officiel de la Société des Nations,
1920,
n * 8, p. 90-103. Comme on le voit,
aucune des grandes Puissances, dont la médiation aurait certainement produit un plus
grand effet sur Monstapha Kémal, n'avait cru pouvoir accepter le mandat proposé.
(2)
Actes de la première Assemblée,
29*
séance plénière, p . 812.
Fonds A.R.A.M