92
LA SOCIÉTÉ DÈS NATIONS ET LES PUISSANCES
de reprendre la Conférence q u i avait été proposée alors, et i n d i q u a n t
que Sa question arménienne pourrait se trouver soulevée a l'Assemblée
à l'occasion de l a demande d'admission de l'Arménie.
«
Le 10 novembre 1920, M . L l o y d George a fait savoir au Conseil que
les Puissances alliées faisaient tous leurs efforts pour aider m i l i t a i r e –
me n t la République d'Arménie, en l u i fournissant d u matériel de guerre
et des combustibles. Quant à l'avenir de l'Arménie, le premier mi n i s t r e
de la Grande-Bretagne estimait que , tant que le Président W i l s o n
n'aurait pas fait connaître sa décision a u sujet des frontières, i l parais–
sait inutile d'entreprendre l'examen des méthodes propres à assurer
l'exécution d u traité » (1).
A l'Assemblée de Genève, l a question arménienne fut évoquée, dès l a
discussion d u Rapport sur les travaux d u Conseil. A l a séance d u 17
novembre 1920, la voix généreuse de l o r d Robert Cecil fit entendre u n
pressant appel en faveur des Arméniens. Après avoir déclaré q u ' i l
n ' y avait pas, dans l'histoire d u monde, de tragédie plus terrible que
celle d u peuple arménien, peuple d'une grande intelligence, d'une
grande culture et d'une vieille c i v i l i s a l i on , après avoir flétri € les ma s –
sacres ordonnés par Talaat » comme « l ' u n dès plus grands crimes dont
l'histoire puisse accuser un être huma i n », le noble l o r d s'écria : « La
Sociétédes Nations ne peut pas être le défenseur de l a moralité pub l i q u e , si
elle ne fait pas tout son possible pour empêcher ce peuple s i ancien de
subir encore une fois un pareil ma r t y r e ». L o r d Robert Ceci! saisit donc
l'Assemblée de la proposition suivante : « Le Conseil est invité à exa–
m i n e r immédiatement la situation de l'Arménie et à soumettre à l'examen
de l'Assemblée des propositions en vue de parer au danger q u i menace
actuellement ce qu i reste de la race arménienne et en vue d'établir u n
état de choses stable et permanent dans ce pays » (2).
Le sénateur Lafontaine, représentant de la Belgique, proposa de son
côté à l'Assemblée, à titre d'amendement à la mo t i on de l o r d Robert
Cecil, l a nomination d'une Commission de s i x membres q u i serait
chargée d'examiner les mesures propres à mettre un terme aux ho s t i –
lités entre Arméniens et Kémalistes.
Une grande discussion s'engagea, le 22 novembre, su r ces propo–
sitions. Le délégué serbe, M. Spalaïkovitch, puisant dans les tristes
souvenirs laissés dans le cœur de sa na t i on par la domination o t t o –
mane, flétrit cette méthode cynique et froide dans l'extermination des
peuples c que les Turcs ont appliquée et appliquent encore aux peu-
(1)
Journal officiel de la Société des Nations,
n» 6, novembre-décembre 1920, p . 90.
(2) 5
e
séance de la première Assemblée de la Société des Nations du 11 novem–
bre 1920,
Actes de la première Assemblée,
Séances plénières, p. 95-96.
Fonds A.R.A.M