Cilicie était une épine qu i blessait le Jeune-Turc. C'est
pour cette raison qu'on avait décidé et réalisé l'affaiblis–
sement de cette province.
Les Jeunes-Turcs avaient soi-disant proclamé l'égalité
de tous les citoyens. Mais, lors des élections q u i eurent
lieu quelque temps après leur accession au pouvoir, ils
prouvèrent, sans se soucier des principes proclamés, que
leur action ne correspondait pas à ces principes. Partout,
ils faisaient élire les candidats turcs et musulmans « à
coups de trique ». Sur environ 3oo députés, on compta
à peine une quarantaine de députés chrétiens, dont i 5 Ar–
méniens, pour une population chrétienne totale de
6
à
7
millions d'âmes ; d'où
260
députés musulmans pour
10
à
12
millions de population musulmane hétérogène (Turcs,
Arabes, Kurdes, etc). C'était la façon jeune-turque de
comprendre et de pratiquer la liberté et l'égalité de tous
les citoyens de l'Empire ottoman.
Les partis politiques arméniens qu i avaient contribué
de toute leur force au succès de cette révolution jeune-tur–
que et à l'installation du gouvernement jeune-turc, ne
tardèrent pas à s'apercevoir qu'ils avaient travaillé « pour
le roi de Prusse » ; les gouvernants turcs cherchaient par
tous les moyens en leur pouvoir à évincer les éléments
chrétiens de toutes les fonctions et de tous les emplois
officiels ; ils manifestaient une préférence marquée pour
l'élément turc. Aucune réforme ayant pour but d'amé–
liorer quelque peu la situation de l'Arménie ne fut tentée
par ce gouvernement, malgré toutes les demandes intro–
duites par les députés arméniens.
Tous les projets présentés, soit par le patriarcat armé–
nien de Constantinople, soit par les députés arméniens,
projets concernant la vie économique du pays, furent
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Fonds A.R.A.M