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aucune d i s t i n c t i on entre les différentes populations c om–
posant l'empire o t t oma n , soit au p o i n t de vue religieux,
ou e t hn i que , o u po l i t i que . Ils proclamaient, en apparence
à t ou t le mo i n s , la liberté et l'égalité de tous les citoyens
de l ' Emp i r e ; ils revendiquaient la même justice p o u r tous.
E n réalité, ce comité j eune - t u r c n'avait p o u r b u t der–
nier que l'islamisation et la t u r qu i s a t i o n à outrance de
l'empire o t t oman , afin d'enrayer une fois p ou r toutes les
velléités d'indépendance ou de séparatisme des éléments
constitutifs de l ' Emp i r e .
Par une chance inouïe, que l'histoire n'a pas encore
expliquée, ce comité, q u i représentait une force et une
organisation presque insignifiantes, s'empara d u gouver–
nement de Constantinople, à la suite d'une mu t i n e r i e sur
venue à Salonique. On se rappelle les péripéties de cet
événement, que l ' on baptisa pompeusement d u n o m de
Révolution turque
(
j u i l l e t
1908).
Les Arméniens v i r e n t dans cet événement l'aurore de
j o u r s nouveaux. Quant aux Puissances européennes, elles
pensèrent que la t r ans f o rma t i on de la Tu r qu i e nouvelle
donnait d'elle-même une s o l u t i on à la question armé
nienne.
Un an à peine, après la Nouvelle Con s t i t u t i on t u r qu e ,
u n c r i d'horreur f u t poussé dans une autre province ar
ménienne, q u i avait été épargnée par A b d - u l - Ham i d .
Plus de 3o.ooo Arméniens venaient d'être massacrés à
Adana, en Cilicie, avec la connivence et sur le consei
d u gouvernement jeune-turc ( a v r i l
1909).
Les Jeunes-Turcs démontraient ainsi qu ' i l s ne valaient
pas m i e u x que les Vieux-Turcs. La po l i t i que de massa
cres faisait méthodiquement le t o u r des provinces chré
tiennes de l ' Emp i r e o t t oma n .
Ab d - u l - Ham i d avait v o l on t a i r emen t et méthodique–
men t exsangue les six provinces arméniennes (les six v i
layets) ; mais la prospérité de la province arménienne de
Fonds A.R.A.M