LA C R È T E E T L E K H A L I T A T
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tout entière, peut tenir en deux préceptes : croire en
Allah et le servir contre les ennemis du dedans et
du dehors.
Le respect du
Chéri,
le désir de servir Allah
contre tout adversaire visible ou caché reste le sen–
timent le plus profond et le plus répandu, môme
chez ceux des musulmans dont la vie séculière
semble accaparer les jours : c'est proprement le sen–
timent islamique. Le moindre choc le fait j a i l l i r des
cœurs auxquels i l semblait qu'il fût le plus étranger.
Depuis treize siècles, i l n'a varié que dans ses modes
d'action.
Longtemps, aussi longtemps que l'Islam victorieux
put se croire appelé à l'empire universel, le service
d'Allah se confondit avec la Guerre Sainte, avec
l'offensive perpétuelle des armées de la Foi contre
l'humanité entière que le Coran divise en deux
groupes : les nations des monothéismes périmés,
les « Nations du Livre », et les peuples idolâtres,
les « Kafirs ». Pourchasser les Kafirs qui n'adorent
pas le Dieu seul, en expurger toute terre conquise
au P r ophè t e et les donner en holocauste à la gloire
d'Allah; soumettre les « Libristes » qui adorent le
seul Dieu, mais qui l'adorent suivant la Bible ou
l'Évangile et non suivant le Coran, les asservir et
les donner en taillables et corvéables, en
raïas,
au
peuple des Croyants : telle fut la double forme de la
Guerre Sainte qu i , durant plus de mille années, de
l'hégire au siège de Vienne (632-1683), fut pour les
musulmans toute la politique tirée de leur Écriture
sainte.
Mais à la fin du xvn" siècle, comme les chrétientés
d'Europe mettaient un terme définitif à l'expansion
Fonds A.R.A.M