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C R È T E E T L E K H A L I F A T
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imposer aux convoitises italiennes le respect du
statu quo :
de la sympathie et de l'estime des peuples
occidentaux, seulement, les Jeunes-Turcs pouvaient
espérer le salut de leur Afrique. Or, s'ils ne vou–
laient pas que l'on retournât contre eux le droit du
plus fort, ils ne devaient pas méconnaître que, de la
force seule, ils tenaient encore leurs droits sur la
Crète, et qu'aux regards de la. conscience occidentale
la volonté d'un peuple doit toujours prévaloir contre
les titres, même reconnus, d'un maître étranger.
— «
Si la Tripolitaine est menacée, leur disaient
leurs amis de France, ce n'est ni la Sude ottomane
ni Marmaris ni la flotte turque qui la sauvera, et,
quand on serait assuré que l'union Cretoise aura
pour conséquence Tripoli italienne, encore vaut-il
mieux fixer votre attention sur votre Turquie d'Eu–
rope et sur votre Turquie d'Asie. L'Empire ottoman
peut vivre sans la Crète. La Turquie d'Afrique,
môme, ne l u i est pas un organe essentiel, et pour la
sécurité de la Tripolitaine l'autonomie Cretoise a
déjà eu tous les effets que pourrait avoir l'annexion. »
I l était difficile aux Jeunes-Turcs de considérer les
choses ainsi et d'aller au-devant de ce sacrifice; mais
c'était le devoir des puissances de les y amener,
peut-être, en leur assurant, à eux et à leurs musul–
mans crétois, de justes indemnités. Les puissances,
la France et l'Angleterre en particulier, ont-elles
rempli le devoir qu'elles avaient envers la Turquie?
C'est en j u i n 1910 que la politique française appa–
raîtra dans son beau : dès 1909, i l était apparu
que l'Angleterre ne savait vouloir que la prolonga-
Fonds A.R.A.M