L A C R È T E E T L E K I I A L I F A T
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Turcs et Crétois avaient subi dix ans (1898-1908)
ce compromis. Mais les puissances ne pouvaient pas
ignorer que la seule présence de leurs troupes
assurait l'autonomie et empêchait l'annexion : sitôt
leurs troupes retirées, elles savaient que la Crète
irait à la Grèce ou que les Turcs essaieraient d e l à
remettre au rang de pachalik. Néanmoins, elles
avaient promis aux Crétois d'évacuer; elles avaient
commencé l'évacuation, annoncé que le dernier
soldat de l'Europe quitterait la Crète à la fin de
juillet 1909.
— «
L'union, disaient les Crétois, nous est néces–
saire pour vivre heureux, pour nous mettre au l i l du
progrès, pour refaire de notre malheureux pays une
terre d'abondance, pour éloigner de nous le cau–
chemar d'une reconquête ottomane, dont l'aulo-
nomie nous laisse toujours la crainte. L'autonomie,
après les trois siècles de cet esclavage, qui nous a
,
valu tant de maux, ne nous est venue qu'avec les
massacres et les incendies hamidiens; elle ne nous
apparaîtra jamais que comme le dernier chaînon de
notre servitude. »
C'est à la lueur des incendies de 1897 que désor–
mais les Cretois regardaient tout régime qu i , de près
ou de loin, les rattacherait encore à l'Empire
ottoman. I l est des passés irréparables : ni les pro–
messes de. l'Europe ni la générosité des Jeunes-
Turcs ne pouvaient guérir la Crète de sa défiance
et de ses souvenirs. Encore si, de 1898 à 1908, la
Jeune Turquie avait séparé sa cause des opérations
hamidiennes, désavoué les crimes des meneurs mu -
,
sulmans ! Mais, emportée par le patriotisme, aveuglée
par l'esprit de parti, elle avait alors pris position
Fonds A.R.A.M