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L A MORT DE STAMBOUL
en Afrique tout ce qu'il a perdu en Europe... La propagande
chrétienne obtient peu de résultats et peu durables, quand
elle agit seule dans un milieu nègre; partout où elle doit
lutter avec la propagande musulmane, ses gains sont nuls ;
ceux de l'Islam sont rapides.
Entre la civilisation chrétienne de l'Europe et la
barbarie fétichiste des Nègres, l'Islam, disaient les
Jeunes-Turcs, est l'intermédiaire dont ni l'Europe
ni les Nègres ne peuvent se passer : sans l'Islam, les
Nègres finiraient de s'abrutir sous la servitude, de
disparaître sous le massacre des Européens, et l'Eu–
rope n'aurait plus en ce Continent noir que des soli–
tudes dont sa main-d'œuvre, inapte sous ce climat,
ne saurait entreprendre la mise en valeur. Le con–
tact direct entre le Nègre et l'Européen « accomplit
une œuvre de corruption qui conduit les Nègres aux
divers degrés de l'alcoolisme et finalement à un état
d'abjection complète », dit le comte de Castries, l'un
des Français qui connaissent le mieux l'Afrique :
«
L'Islam, dit un autre, transforme le Nègre dont i l
s'est emparé : i l le relève en augmentant sa santé,
sa moralité, son énergie. Cette religion simple, sen–
suelle et guerrière est faite pour ces populations
primitives. »
Et les Jeunes-Turcs de conclure, en invoquant, à
leur habitude, la parole du Maître, d'Auguste Comte :
La transformation d'une civilisation rudimentaire en une
civilisation très avancée demande des ménagements : l'Islam
en Afrique pourrait, seul, préparer ce mouvement transi–
toire. Auguste Comte a raison de dire que « les musulmans
régénérés seront mieux aptes que les apôtres occidentaux à
convertir l'Afrique
1
».
1.
Ahmed-Riza,
La
Crise de l'Orient,
p. 30-33.
Fonds A.R.A.M