L A C R È T E E T L E K H A L I F A T
SI
accompli et que dorénavant les Crétois seront à
même de Vous adresser leurs vœux comme Vos
sujets fidèles et dévoués. »
...
Les Crétois, la Grèce et l'Europe avaient compté
sans les Turcs, une fois encore. Les Jeunes-Turcs
de 1908-1909, durant la crise bosniaque et bulgare,
avaient bien pu se taire; mais ils gardaient sur
l'affaire de Crète les mômes sentiments que les
Vieux-Turcs de 1868, de 1878, de 1897. Pour les
Jeunes, comme pour les Vieux, la Crète devait rester
turque pour rester musulmane. C'était le devoir du
Khalife de la garder coûte que coûte, pour sauver la
fortune et les privilèges de ses fidèles musulmans;
quelque réduite que l'exploitation des
agas
et des
beys
eût été par dix années d'autonomie, le Khalife
n'avait pas le droit d'en abandonner la défense.
Le 27 mai 1909, l'un des membres influents du
Comité
Union et Progrès,
le major Hakki-bey, ren–
trait à Vienne, à son poste d'attaché militaire, qu'il
avait quitté deux mois auparavant, pour aller com–
battre la contre-révolution du Treize Avril. I l reve–
nait, un peu grisé de la facile victoire que les trou–
pes de Mahmoud-Chevket avaient remportée sur les
gens de Stamboul, sur Abd-ul-Hamid : « Le salut de
la patrie, disait-il, exige que l'on réprime les forces
centrifuges... Sur la Crète, sachez bien que nous ne
transigerons jamais... Nous nous trouvons, chez
nous, en face de populations qui pourraient mal
interpréter la solution de cerlains problèmes : nous
refuserons pour le moment de les laisser poser.
Pour l'empêcher, nous sommes prêts à toutes les
éventualités. »
Les Crétois voulant poser et régler leur problème,
Fonds A.R.A.M