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LA MORT DE STAMBOUL
Six mois de périlleuses négociations (octobre 1908-
avril 1909) assurent enfin la paix dans les Balkans :
les accords austro-turc et turco-russe légalisent
l'annexion de la Bosnie et l'indépendance de la
Bulgarie; après une longue comédie de brouilles,
d'invectives et de rodomontades, MM. Isvolski et
d'Aehrenthal se rapatrient, sous la pression un peu
brutale de Guillaume I I ; Vienne et Pé t e r s bou r g
obligent les Serbes à la résignation.
Les Crétois pensent qu'enfin le moment est venu :
l'Europe paraît disposée à tenir la parole que, depuis
onze ans (1898-1909), elle leur a donnée, à mots cou–
verts d'abord, puis de plus en plus explicite. La
reine d'Angleterre et l'impératrice-douairière de
Bussie arrivent à Athènes chez leur frère le roi
Georges et l u i apportent les espoirs les meilleurs
(10
mai). Guillaume I I séjourne à Corfou et témoigne
à la dynastie et au gouvernement helléniques les
sentiments les plus cordiaux; i l rencontre ensuite
ses alliés à Brindisi et à Vienne; i l décide avec eux
que la Triple-Alliance laissera faire. Le
Foreign
Office
annonce à son parlement que, les Crétois
ayant rempli les conditions posées par les puis–
sances, le dernier échelon des contingents interna–
tionaux évacuera la Crète à la date fixée, en juillet
prochain.
Personne n'a de doute sur les conséquences immé–
diates de ce départ : c'est la permission aux Cretois
de faire ce qu'ils entendent; le président de la
Commission executive, M. Vénizélos, vient de télé–
graphier au roi de Grèce pour sa fête : « La Crète
est animée de la convictipn profonde que son juste
désir d'être soumise à Votre sceptre sera bientôt
Fonds A.R.A.M