LA CRÈTE ET LE KHALIFAT
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tifs », leurs agents entrent en relations avec ce gou–
vernement insurrectionnel, le reconnaissent et l u i
annoncent que, malgré les « obligations contrac–
tées » envers la Porte, les puissances protectrices
«
ne seraient pas éloignées d'envisager avec bienveil–
lance la discussion de cette question avec la Turquie,
si l'ordre est maintenu dans l'Ile et la sécurité de la
population musulmane assurée » (26 octobre 1908).
En ce mois d'octobre 1908, les divers systèmes
d'alliances ou d'ententes, qui se partagent l'Europe,
ont noué des négociations publiques et secrètes
pour liquider les quatre questions austro-turque,
austro-serbe, turco-bulgare et turco-crétoise, qui
risquent de tout brouiller au Levant. Dans les
pourparlers anglo-franco-russes de Paris et de
Londres (10-20 octobre 1908), la Triple-Entente
a dressé le programme de la future conférence que
réclame le ministre du Tsar, M. Isvolski : la question
Cretoise
y figure et l'on admet que l'union créto-
grecque, moyennant de justes indemnités à la Porte,
est
désormais un fait acquis, au même titre que
l'annexion bosniaque ou l'indépendance bulgare.
En novembre, le roi Georges visite les chancel–
leries de l'Occident et reçoit les promesses les plus
explicites : l'Europe demande seulement que la
Crète ne vienne qu'après la Bosnie et la Bulgarie; on
veut éviter d'abord les hostilités qui menacent entre
Stamboul et Sofia, entre la Serbie et l'Autriche...
Mais, « en attendant », on laisse aux Crétois le béné–
fice de leur état de fait : l'Europe ne renvoie plus de
Haut-Commissaire; l'île se gouverne à sa guise, par
u n e
Commission e x é c u t i f de cinq membres,
s o u s
le seul contrôle intermittent de l'Assemblée.
LA MORT DE STAMBOUL.
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Fonds A.R.A.M