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LA MORT DE STAMBOUL
ceux du moins qui n'ont rien à perdre ou qui
peuvent vendre leurs terres. L'année 1907 ramène
la paix civile, sous l'habile gouvernement de
M. Zaïmis.
En mai 1908, après une revue des milices Cretoises,
les officiers internationaux déclarent que la Crète
n'a plus besoin des contingents européens : les
officiers et cadres grecs suffisent au maintien du bon
ordre. Les puissances décident que leurs troupes
vont évacuer l'île, donc laisser aux Crétois la libre
disposition de leurs destinées. Les dates sont fixées
pour cette retraite : premier échelon en j u i l l e t 1908 ;
second échelon en juillet 1909; la « dernière étape »
sera achevée en août 1909, et les Crétois auront
toute faculté de disposer d'eux-mêmes.
Mais l'emprunt, toujours négocié, n'arrive jamais
à être conclu, et le malaise financier s'aggrave, et
le mécontentement s'augmente de tous les espoirs
déçus.
En j u i l l e t 1908, la révolution jeune-turque sur–
vient juste quand le premier échelon des troupes
européennes s'embarque; elle remplit les Crétois
d'inquiétude : l'Europe va-t-elle invoquer la Consti–
tution rétablie à Stamboul pour les remettre, eux,
sous le caprice du Sultan?... En octobre 1908, l'in–
dépendance bulgare et l'annexion bosniaque les
décident à brusquer l'étape : le Haut-Commissaire
est absent, en vacances; ils proclament l'union et
nomment un gouvernement provisoire, qu i adminis–
trera au nom du « roi de tous les Hellènes ».
Les puissances, qui pourtant ont encore des
troupes dans l'île, ne font d'objection que pour la
forme : « d'ordre de leurs gouvernements respec-
Fonds A.R.A.M