L A C R È T E E T L E K H A L I F A T
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pût oublier ses désirs de l'union, et l'Europe, qu i
n'avait pas voulu consentir aux Cretois un prêt
honorable, ne leur faisait que l'aumône de quatre
millions. Reconnaissant enfin, — mais trop tard, —
sa faute initiale, elle leur prodiguait dans sa note
d'avril 1905 les conseils et les promesses :
Pour remédier à la situation financière, — disait cette
sage personne, — i l est à souhaiter que les Crétois concen–
trent leurs efforts sur le développement économique du
pays. Dans cet ordre d'idées, le Haut-Commissaire peut
compter sur le concours des puissances protectrices, qui
seraient dès à présent disposées à accepter l'ajournement,
pendant cinq ans, du service des intérêts dus pour les quatre
millions qu'elles ont avancés au gouvernement crétois.
Les ressources de l'Ile, judicieusement administrées,
peuvent offrir des gages pour la réalisation d'un emprunt
qui permettrait de faire face aux dépenses les plus urgentes
et à des entreprises de travaux publics... Les puissances pro–
posent donc d'envoyer deux experts financiers pour étudier
les conditions économiques de la Crète ainsi que le système
d'impôts. Les conclusions de ces agents ne manqueraient
pas de faciliter l'émission d'un emprunt qui pourrait être
gagé sur la surtaxe douanière et sur certains droits de ports.
Le nouveau délégué des puissances, le Haut-Com–
missaire grec, M. Zaïmis, apportait avec l u i cette
promesse d'emprunt. I l promettait aussi la fin pro–
chaine du « régime transitoire » : les cinq années de
sa magistrature, disait-il, seraient la « dernière
étape » vers l'union (1906-1911).
L'emprunt se négocie : onze millions d'or liquide
vont arriver en cette île ruinée. Des officiers et des
sous-officiers grecs viennent commander la gendar–
merie et la milice Cretoises. Tout dans l'île s'orga–
nise pour l'union. Les musulmans émigrent, tous
Fonds A.R.A.M