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G
L A MORT DE STAMBOUL
et sans durée probable, et que l'Europe seule aurait
pu et dû avancer. Si chacune des quatre puissances
protectrices — Angleterre, France, Italie et Russie,
auxquelles le concert européen avait laissé la Crète,
eût mis cinq ou six millions dans une Caisse
des Travaux Publics, dont un conseil technique eût
surveillé l'emploi, dont un simple contrôle douanier
eût récupéré, et au delà, les intérêts et l'amor–
tissement, si cette admirable terre de Crète avait
été pourvue des deux ports, des cent kilomètres de
chemins de fer à voie étroite et des deux cents kilo–
mètres de routes muletières dont elle avait le plus
pressant besoin, i l est probable que l'autonomie,
apportant avec elle la richesse, eû t été acceptée
avec moins de regrets; i l est possible même que la
Crète enrichie se fût moins souciée de mêler ses
finances encore nettes au chaos du budget hellé–
nique.
Mais en 1898 les puissances avaient négligé ce
chapitre de leurs devoirs : elles avaient imaginé,
sans doute, que les Crétois vivraient de discours et
d'élections; aujourd'hui, comme autrefois, i l faut
aux plus enragés parleurs, aux plus sobres politi–
ciens d'Athènes, le morceau de pain, le verre d'eau
et l'olive noire des trois repas quotidiens; en Crète,
l'insurrection avait coupé les oliviers, comblé les
puits, semé de gravats et d'éboulis les champs de
céréales...
Le premier Haut-Commissaire de l'Europe, le
prince Georges, aurait dû mettre ses efforts au
relèvement économique : i l s'en désintéressa par
insouciance, par incapacité ou, peut-être, par sys–
tème, ne voulant pas qu'une Crète moins misérable
Fonds A.R.A.M