L A C R È T E E T L E K H A L I F A T
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lois seront commissionnés et les jugements seront
rendus au nom du roi de Grèce. Les Crétois exi–
gent, en outre, viandes moins creuses. L'autonomie
«
régime hybride et transitoire », les écrase, les
ruine, ne leur permet ni de mettre leur pays en
valeur, ni môme de réparer les effets de la dévas–
tation turque; ils disent qu'ils ont un besoin maté–
riel de l'union :
Lorsqu'il y a sept ans, les puissances nous ont concédé
l'autonomie, le peuple crétois, malgré la nature de ce
régime transitoire, a sincèrement coopéré à sa réussite,
non seulement par déférence pour les grandes puissances,
mais aussi dans son intérêt propre.
Malheureusement la gène tinaneière devait peser sur
un pays aussi petit et aussi pauvre, obligé de suffire aux
dépenses d'une vie politique autonome, séparé au point de
vue douanier de tout autre organisme politique et se trou–
vant dans l'impossibilité, grâce à la nature d'un pareil
régime hybride et transitoire, d'attirer de l'étranger les
capitaux nécessaires à son développement économique... Un
tel régime mène l'Ile au chaos économique; i l ne peut pas
être supporté plus longtemps ni surtout pour une période de
temps aussi indéfinie...
Les Crétois avaient raison : en leur imposant
l'autonomie politique, les puissances avaient oublié
de leur donner l'autonomie financière.
Tous ceux qu i avaient vu la Crète en 1898
étaient d'avis que, pour réparer les maux terribles de
la dernière insurrection, pour effacer les ravages de
deux siècles, pour permettre aux survivants de vivre
parmi les ruines et les tombeaux, i l eût fallu des
capitaux que les Crétois n'avaient pas, que les finan–
ciers ne voulaient pas prêter à un Etat sans finances
Fonds A.R.A.M