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M O R T D E
S T A M B O U L
et que l'union passât avant tout le reste. Le nouveau
bail approchant de l'échéance (1904;, ils envoyaient
de nouveau le prince Georges en Europe. Les puis–
sances, « unanimement disposées à donner un témoi–
gnage de leur sympathie pour le peuple crétois »,
comptaient « manifester leur bienveillance en obte–
nant de la Porte la reconnaissance du drapeau cré–
tois, la remise à l'Etat crétois des condamnés cré–
tois, détenus dans les prisons de l'empire ottoman,
et la signification des actes judiciaires crétois en
Turquie »; elles ajoutaient la promesse de réduire
leurs troupes d'occupation dès qu'une milice et une
gendarmerie Cretoises leur garantiraient le maintien
de l'ordre; mais elles se disaient « obligées de bien
marquer que ces satisfactions étaient le maximum
de ce qu'elles pouvaient consentir
présentement ».
C'était, en somme, la promesse de l'indépendance
complète, sans le mot. Mais les Crétois ne voulaient
plus être payés de promesses. En cette année 1905,
où le royaume grec commençait à peine à voter la
réfection de son armée et de sa marine, ils rompaient
ouvertement avec l'Europe, avec le Turc, avec le
prince Georges : « Le peuple crétois, réuni en
Assemblée générale à Thérisso pour proclamer son C
union au royaume de Grèce », ne voulait plus
attendre : « Lorsqu'il y a sept ans, le peuple
crétois a été obligé d'accepter l'autonomie, i l l'a
considérée comme une station purement transitoire
vers la libération de l'île et l'union à la Grèce. »
Cette autonomie, ajoutaient les Crétois, ne pouvait
plus durer, tant était grande la gêne économique
qui résultait « de l'isolement douanier etdel'impos-
s i b i i t é d'attirer en Crète les capitaux étrangers ».
Fonds A.R.A.M