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C R È T E E T L E K H A L I F A T
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tilution de leur temporaire principauté. Mais, dès
novembre 1900, ils envoyaient le Haut-Commissaire
de l'Europe, le prince Georges lui-même, déclarer
aux puissances que, ses pouvoirs finissant en novem–
bre 1901, la Crète entendait proclamer l'union à cette
date. Et dès novembre 1900, le Haut-Commissaire
avait toute raison de dire aux chancelleries : « Le
peuple crétois n'a accepté l'autonomie que pour
témoigner sa reconnaissance envers les grandes puis–
sances et sous la réserve que l'union avec la Grèce
serait effectuée ultérieurement. »
Les victoires de Thessalie agissaient encore pour
le prestige du Turc et pour l'accablement de l'hellé–
nisme : l'Europe, si l'union était proclamée, laisse–
rait Abd-ul-Hamid, disait-elle, remettre ses troupes
en campagne; le royaume grec était sans défense...
Malgré tout, l'Assemblée Cretoise, en j u i n 1901, pro–
clamait l'union pour novembre suivant.
Mais, comme l'Europe répondait que le moment
n'était pas encore venu, et comme les dangers de la
Grèce et de l'hellénisme étaient trop menaçants, les
Crétois consentirent à supporter trois années encore
l'autonomie sous le Haut-Commissaire, à condition
que ce nouveau bail l u t le dernier et que l'on voulût
bien — nouveau pas vers l'union — leur faciliter les
derniers règlements de comptes avec la Dette et la
Chancellerie ottomanes...
De 1901 à 1904, ils se vengèrent sur le délégué de
l'Europe, sur le prince Georges, qu'ils accusaient
de se conduire moins en gouverneur grec qu'en
pacha turc ou en Altesse moscovite. Malgré le
désarroi profond où la lutte macédonienne jetait
l'hellénisme, ils exigeaient que l'on s'occupât d'eux
Fonds A.R.A.M