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C R È T E E T L E K H A L I F A T
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de la Porte, la guerre déclarée, lïnvasion de la
Thessalie, trois grandes défaites, une paix humi–
liante, le paiement d'une lourde indemnité, la perte
d'un morceau du territoire si péniblement récupéré
depuis quatre-vingts ans, et la rentrée d'Hellènes
libérés sous la courbache hamidienne, et l'instal–
lation d'un contrôle européen sur les finances hel–
léniques (avril-juillet 1897), et la démoralisation
politique du royaume, et la dynastie insultée, vic–
time d'attentat (février 1898), et le découragement
de tout l'hellénisme, et, dans l'empire ottoman, la
persécution systématique de l'Église patriarchiste et
de l'élément grec : pendant dix années (1897-1908),
les Turcs allaient en prendre à leur aise avec le
Patriarche et les communau t é s grecques de Macé–
doine, d'Asie Mineure et des Iles, aussi bien qu'avec
le gouvernement du roi Georges ; ils pensaient
n'avoir plus rien à craindre des menaces d'Athènes
ni des représentations de l'Occident.
La Crète, au bout du compte, trouvait son bénéfice
immédiat : on l u i donnait l'autonomie réelle sous la
garantie de l'Europe.
Au début de mars 1897, les puissances exigeaient
de la Porte que l'île leur fût remise en dépôt. « Les
puissances, — disaient les ambassadeurs, — animées
du désir de respecter l'intégrité de l'Empire otto–
man, sont tombées d'accord sur les points suivants :
1
° la Crète ne pourra en aucun cas être annexée à la
Grèce
dans les conjonctures présentes;
2
° elle sera
dotée par les puissances d'un régime autonome ».
Le 6 mars 1897, la Sublime Porte, « confiante dans
les sentiments des puissances et dans leur ferme
volonté de ne pas porter atteinte aux droits de sou-
Fonds A.R.A.M