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L A
MORT DE STAMBOUL
de Constantinople
une troisième tentative, au
début de février, réussissait pleinement : les quartiers
chrétiens, dans toutes les villes, et, dans les plaines,
les villages chrétiens étaient brusquement assaillis,
incendiés; tout ce qui ne pouvait pas fuir était
massacré, et les rivages crétois, en ce début do
février 1897, avaient comme une rampe flambante;
la récolte terminée et le pressage avaient rempli les
oliveries de grandes jarres d'huile qui, chauffées par
l'incendie, éclataient en s'allumant et, brusquement,
inondaient les ruelles de leurs ruisseaux de feu.
De ce mois de février 1897, date le changement
dans les rapports entre la Crète et l'hellénisme : la
Crète avait été, depuis un siècle et quart, la victime
expiatoire de la Race ; désormais l'hellénisme entier
allait pâtir des justes revendications des Crétois.
En février 1897, une escadrille et une petite armée
grecques accouraient au secours de l'île martyre,
—
beau geste qui ne donnait pas à la Crète ce qu'elle
en avait attendu : les flottes et les contingents des
six puissances venaient là mettre sous la main de
l'Europe; elle ne sortait de la domination des pachas
que pour passer sous la contrainte des amiraux!
Mais ce beau geste valait à la Grèce un ultimatum
1.
Voir dans le
Livre Jaune
les dépêches du consul de France :
«
La Canée, le 2 février 1897.
«
J'ai la preuve que le soulèvement simultané des musulmans
à Candie, lihétymno et la Canée est la conséquence d'instructions
envoyées de Constantinople. »
Fonds A.R.A.M